Abdelmadjid Menasra soutient Ahmed Ouyahia

Dans une sortie médiatique très remarquée, le nouveau leader du MSP, Abdelmadjid Menasra, n’a pas hésité à attaquer ouvertement l’ancien premier ministre Abdelmadjid Tebboune auquel il a reproché sa « politique bureaucratique » et à faire l’éloge du nouveau premier ministre Ahmed Ouyahia dont il a rappelé la longue expérience dans la gestion des affaires de l’Etat.  Dans sa déclaration, Abdelmadjid Menasra a notamment critiqué le renforcement du dispositif des licences d’importation décidé par l’ancien premier ministre Abdelmadjid Tebboune. Par la même occasion, le leader du MSP a salué l’abrogation par Ahmed Ouyahia des décrets de son prédécesseur relatifs à la création d’une Inspection générale des finances et à la réglementation des licences d’importation.

Les mesures de contrôle décidées par Abdelmadjid Tebboune en vue de protéger l’économie nationale contre les prédateurs de l’économie nationale sont qualifiées par Abdelmadjid Menasra de « mesures bureaucratiques ». La prise de position du leader du MSP n’a pas étonné outre-mesure les observateurs qui connaissent les tendances ultra-libérales de ce dernier. En effet, Abdelmadjid Menasra fait partie des cadres de la mouvance islamiste qui ne cachent pas leur préférence pour un système économique entièrement libéralisé. Les observateurs ajoutent qu’il n’est pas exclu que la prise de position de Menasra en faveur d’Ahmed Ouyahia soit aussi dictée par des considérations opportunistes de politique électorale. En contrepartie de son soutien, le leader du MSP attend du gouvernement un geste dans le cadre des élections communales prévues pour le mois de novembre prochain.

Il n’en reste pas moins que la prise de position de Abdelmadjid Menasra en faveur d’Ahmed Ouyahia a néanmoins surpris les observateurs dans la mesure où elle semble contredire les déclarations publiques de son prédécesseur à la tête du MSP, Abderrazak Makri qui n’avait pas hésité à fustiger le limogeage d’Abdelmadjid Tebboune et à dénoncer le rôle néfaste de l’argent sale dans la corruption de la vie politique en Algérie. Les déclarations contradictoires des dirigeants du MSP et de la mouvance islamiste en général sur une question aussi centrale pour le changement en Algérie montrent qu’au-delà des slogans généraux, les islamistes algériens n’ont toujours pas tranché en leur sein la question centrale qui préoccupe les citoyens : comment sortir du système rentier sans remettre en question les acquis sociaux ?