Abderrahmane Mebtoul plaide pour des réformes de structures

Le gouvernement doit aller vite vers de nouvelles réformes de structures s’il veut éviter de retomber dans les griffes du FMI. C’est le conseil donné par Abderrahmane Mebtoul. L’expert indépendant a déclaré que le gouvernement doit changer de stratégie dans son approche économique pour éviter le scénario des années 90 et le recours au FMI ainsi que le scénario à la vénézuélienne. Pour A. Mebtoul qui a fait partie des experts qui ont participé à l’élaboration du nouveau plan de croissance économique proposé au premier ministre, le temps du populisme est révolu et que des réformes structurelles doivent être engagées au plus vite pour sortir de la situation économique imposée par la conjecture mondiale et la chute des prix du pétrole. La finalité de la nouvelle gouvernance, pilier du nouveau modèle de croissance, doit être de libérer l’entreprise publique et privée locale et internationale, sans aucune distinction comme le stipule la nouvelle Constitution par la réforme des institutions, du système socio-éducatif, du système financier, la levée de la contrainte du foncier et la réhabilitation de la concurrence, loin de tout monopole néfaste tant au niveau des secteurs économiques que de certains services collectifs en externalisant les activités.

Le remboursement de la dette extérieure par anticipation, qui a été une bonne action, permet actuellement une marge de manœuvre mais aujourd’hui avec 136 milliards de dollars de réserves de change, il faut éviter toute position tranchée pour des raisons idéologiques et être pragmatique et ne faire des emprunts étrangers que pour les secteurs productifs concurrentiels et rentables.  Par ailleurs, A. Mebtoul pense qu’il faut maintenir le niveau de ces réserves de change à un niveau tolérable et ne plus y puiser pour éviter une dévaluation rampante du dinar. Le recours à un emprunt calculé pourrait éviter le scénario roumain dans lequel le zéro dette était également synonyme de zéro croissance.

Mebtoul avertit que «l’économie de guerre» que certains veulent appliquer aujourd’hui, qui a été préconisée en 1992 par le chef du gouvernement d’alors, Belaïd Abdeslem, a été un échec et a conduit le pays droit à la cessation de paiement et au rééchelonnement en 1994. Renouveler cette expérience en 2016 par ceux qui défendent des intérêts de rente, sous un faux discours nationaliste, ne peut que conduire à l’épuisement dans trois ans des réserves de change, et le retour au FMI entre 2018/2019 avec des incidences de tensions sociales et géostratégiques au niveau de la région. Pour A. Mebtoul, le gouvernement algérien n’a pas beaucoup de choix : soit il accepte le déficit budgétaire, soit il décide de réduire les dépenses de fonctionnement et mieux gérer les dépenses d’équipements en ciblant les segments à valeur ajoutée réelle, éviter des investissements de prestige, ce qui suppose également d’assouplir la règle des 49/51% où l’Algérie supporte tous les surcoûts, soit il décide d’aller vers un endettement extérieur ciblé.