Abderrazak Makri appelle au retrait du pouvoir

Dans sa dernière sortie médiatique, une vidéo mise en ligne sur sa page Facebook, le leader du MSP, Abderrazak Makri, a appelé le pouvoir à se retirer et a mis en garde le mouvement populaire contre deux dangers : le premier est représenté par la violence vers laquelle il pourrait être entraîné, le second consiste dans son achèvement avant qu’il ne réalise ses objectifs. M. Makri fait ainsi référence aux tentatives actuelles du pouvoir visant à contourner le mouvement populaire au moyen d’une « feuille de route » complètement dépassée par les évènements.

Si les observateurs ne sont pas étonnés par cette sortie de M. Makri qui a tout à fait raison de rejeter la « feuille de route » du pouvoir et refuser l’invitation de faire partie du gouvernement de Nourredine Bedoui, en revanche ils s’interrogent sur sa déclaration opposant légitimité populaire et légitimité constitutionnelle en ce moment précis. En effet, pour justifier son appel au retrait du pouvoir, M. Makri a affirmé que la « légitimité populaire est plus forte que la Constitution ». La déclaration de M. Makri est d’autant plus incompréhensible que la prolongation du quatrième mandat contre laquelle s’insurge le peuple a été jugée anticonstitutionnelle par tous les observateurs. A moins que la sortie de M. Makri ne soit dictée par d’autres considérations politiciennes.

En effet, en appelant au retrait du pouvoir sans plus d’explications, le leader des Frères musulmans algériens emboite le pas à l’opposition dite « démocratique » qui cherche ces derniers jours à imposer une « conférence nationale » à sa taille en excluant les partis de la coalition présidentielle (FLN ,RND, MPA, TAJ). Outre que ce scénario risque de marginaliser le mouvement populaire, il pourrait déraper sur une déstabilisation du pays si des partis -sans réelle représentativité par ailleurs- venaient à rivaliser avec les institutions constitutionnelles alors que le peuple n’a pas encore dit son dernier mot à travers le suffrage universel. Qu’entend exactement M. Makri par pouvoir ? Les observateurs rappellent qu’il y a quelques mois, M. Makri était d’accord pour négocier avec Said Bouteflika une prolongation du quatrième mandat dans la perspective d’organiser une période de transition graduelle et consensuelle.

Mustapha Senhadji