Ahmed Ouyahia attaque les méthodes de son prédécesseur

Ahmed Ouyahia n’a pas hésité à attaquer ouvertement les méthodes de son prédécesseur lors de sa rencontre avec les représentants du patronat et du syndicat qui a eu lieu à Alger ce jeudi. Ahmed Ouyahia a déclaré que « L’Algérie est un Etat de droit qui s’est doté de tous les instruments juridiques pour combattre toute atteinte à la loi, en s’appuyant sur une justice indépendante. Cependant, cette tâche consiste à œuvrer à l’application des lois, y compris dans le domaine économique avec toute l’efficacité voulue« , mais aussi « dans la sérénité et la quiétude et non en semant le trouble et la confusion ». L’allusion aux méthodes de l’ancien premier ministre, Abdelmadjid Tebboune est à peine voilée. Pour avoir voulu mettre fin aux agissements criminels des faux « hommes d’affaires » qui se sucrent sur le dos de l’économie nationale sans aucune contre-partie productive, Abdelmadjid Tebboune est accusé de « semer le trouble et la confusion ». Rien que cela !

Les observateurs qui connaissent bien le personnage ne s’attendaient pas à mieux d’Ahmed Ouyahia. Ce dernier est connu pour servir les détenteurs du pouvoir du moment même s’il a ses préférences claniques. Il a été rappelé à son poste pour rassurer la mafia politico-financière et pour attaquer les couches populaires au nom de la rigueur économique et de la lutte contre le populisme. Mais il semble qu’il a reçu de la part de ses commanditaires des instructions pour qu’il rassure également les couches populaires dans le but d’éviter une rentrée sociale mouvementée. C’est ce qui explique ses déclarations en faveur de la politique sociale qui sonnent faux dans sa bouche. Après avoir affirmé que la politique sociale du Gouvernement constituait une « constante » fondée sur la justice sociale et la solidarité nationale, il a rassuré les travailleurs et tous les citoyens que cette politique sociale sera maintenue par le Gouvernement. Pour Ahmed Ouyahia : « l’Algérie avait clos depuis 30 ans déjà le débat idéologique autour de la nature de son économie, une économie de marché à dimension sociale ».

Pour les observateurs, Ahmed Ouyahia est très mal placé pour parler d’une « économie de marché à dimension sociale » dans la mesure où il a été rappelé pour appliquer une politique économique fondée sur une distribution opaque et clanique de la rente qui contredit les lois du marché. Par ailleurs, la nature prédatrice de la nouvelle oligarchie symbolisée par Ali Haddad et consorts risque à terme d’appauvrir l’Etat algérien qui sera dans l’incapacité d’assumer ses fonctions de redistribution sociale. Au lieu de s’attaquer aux faux « entrepreneurs » qui ne font que pomper les crédits octroyés et geler les parcelles du foncier industriel pour faire monter les enchères de la spéculation, Ahmed Ouyahia n’a rien trouvé de mieux que de promettre à ces affairistes qu’ils seront traités « sans discrimination » puisqu’il n’a pas hésité à déclarer : « toutes les entreprises établies en Algérie sont les leviers du développement du pays ». Toutes ces entreprises feront donc « l’objet de notre considération sans discrimination ». Les « entrepreneurs » de la graine de Haddad peuvent dormir tranquilles dans le pays d’ Ahmed Ouyahia !