Analyse : Les dessous de la campagne de désinformation visant l’ANP

Les récents changements intervenus à la tête de la première et de la deuxième Régions militaires ont servi de prétexte à certains sites et blogueurs pour se lancer dans une nouvelle campagne de désinformation visant l’ANP. Pour se faire une idée moins schématique et moins manichéenne des changements survenus et de la campagne de désinformation qui a suivi, nous avons posé la question à un analyste qui suit de près la situation algérienne, Mohamed Tahar Bensaada de l’Institut Frantz Fanon. Sur le caractère politique des changements survenus, l’analyste de l’Institut Frantz fanon tient à faire une mise au point : « Qu’il y ait des divergences, voire des oppositions au sommet de l’Etat algérien au sujet des politiques à mettre en œuvre et des choix des hommes aux postes clé de l’Etat, quoi de plus normal dans un pays aussi grand que l’Algérie ? Que ces divergences coïncident avec la défense d’intérêts catégoriels ou claniques, cela aussi n’est ni surprenant ni propre à l’Algérie qui ne constitue pas à cet égard une exception dans la mesure où tous les Etats du monde, y compris les plus anciennement institués, connaissent ce genre d’affrontements avec des intensités et des mises en scène différentes. Il faut bien entendu rester vigilants et veiller à ce que ces affrontements ne dépassent pas certaines limites  et ne prêtent pas le flanc aux influences étrangères sous peine de compromettre les grands équilibres politiques et sociaux de l’Etat »

A propos de la question relative au pouvoir croissant attribué au chef d’état-major de l’ANP par certains observateurs, le chercheur algérien introduit une nuance : « A supposer que les derniers changements survenus à la tête des première et seconde Régions militaires soient l’œuvre du chef d’état-major de l’ANP et qu’ils contribuent à asseoir son pouvoir sur l’institution militaire quoi de plus naturel qu’une armée obéisse à un commandement unique ? La confiance est un gage supplémentaire de cohésion au sein du commandement militaire. Que je sache le chef d’état-major de l’ANP n’a pas proposé à la nomination un wali ou un ministre de je ne sais quoi mais des chefs de Régions militaires appelés à exercer un commandement sous ses ordres.  Dans une conjoncture géostratégique régionale des plus instables, les citoyens soucieux de la sécurité de leur pays devraient plutôt se poser la question relative aux ressources humaines, logistiques et techniques mises à la disposition de l’armée pour assumer ses missions constitutionnelles. C’est dans ce contexte qu’il faut évaluer la rigueur des choix faits par l’état-major, notamment dans la désignation de la chaîne de commandement, la qualité de l’appareil de formation et la maîtrise des équipements, des doctrines et des tactiques militaires. En ce qui concerne ce point essentiel, je dois avouer que je n’ai pas assez d’informations objectives pour émettre un quelconque jugement même si certains indices objectifs me font espérer une évolution graduelle et irrépressible à la hauteur des attentes des nouvelles générations. En tout état de cause, on ne peut que souhaiter le meilleur pour l’armée algérienne qui reste la colonne vertébrale de l’Etat algérien, comme l’atteste le rôle qu’elle a joué durant les années 90 dans le sauvetage des institutions de la république et son rôle actuel dans la défense des options souverainistes de l’Algérie dans la région et c’est peut-être-là le secret des campagnes de désinformation et de déstabilisation récurrentes qui la visent tout particulièrement »

Enfin, en ce qui concerne la campagne de diffamation qui vise la personne du chef d’état-major de l’ANP, MT Bensaada relève que « ceux qui croient faire preuve d’esprit critique en pointant du doigt le niveau intellectuel du chef d’état-major de l’ANP font dans la désinformation pure et simple. D’abord, le poste de chef d’état-major en Algérie est un poste à la fois technique et politique. Le chef d’état-major actuel est un ancien moudjahid et à ce titre il fait naturellement le lien entre la génération de Novembre et celle de l’indépendance. A cet égard, il faut rappeler que même ses détracteurs reconnaissent qu’il a su se faire entourer de généraux hautement qualifiés. Ensuite, la présence d’un homme de la génération de Novembre à la tête de l’institution militaire ne doit pas faire oublier que l’écrasante majorité des généraux actuels de l’ANP appartiennent à la génération de l’indépendance et sont issus d’Ecoles supérieures militaires prestigieuses aussi bien algériennes qu’étrangères et parmi eux on compte de nombreux polytechniciens. »