Bedoui a laissé les journalistes sur leur faim

La première sortie médiatique du nouveau premier ministre, Nourredine Bedoui, était attendue avec impatience par les médias qui s’interrogent sur le calendrier concret de la feuille de route du pouvoir pour faire face à la contestation populaire. Dans sa conférence de presse, Nourredine Bedoui, n’a répondu de manière satisfaisante à aucune question des journalistes ni sur l’agenda de la « feuille de route » du pouvoir ni sur le rôle exact du gouvernement dans cette période de transition. Le nouveau premier ministre avait sans doute en tête les enjeux sécuritaires posés par la poursuite du mouvement de protestation populaire même si ce dernier est resté jusqu’ici pacifique. Et c’est ce qui explique sans doute la nervosité montrée par M. Bedoui lors de sa conférence de presse.

Mais ce fait n’explique pas tout selon les observateurs qui se demandent si Nourredine Bedoui a vraiment toutes les cartes en main pour exercer la haute fonction qui lui a été attribuée par les décideurs de l’ombre. Sans préjuger de ses compétences personnelles et de son intégrité, les observateurs se demandent s’il était vraiment le plus indiqué dans ces circonstances. En effet, M.Bedoui qui n’a pas cessé de promettre la formation d’un gouvernement de jeunes compétences, n’arrive toujours pas à le constituer, et, aux dernières nouvelles, il semblerait que toutes les personnalités de la société civile conviées à faire partie du nouveau gouvernement ont préféré s’abstenir, ce qui met le nouveau premier ministre dans une situation embarrassante.

Reste maintenant la question : pourquoi avoir choisi un premier ministre à qui on ne donne pas tous les pouvoirs constitutionnels nécessaires à l’exercice de sa fonction ? Comment un personnage, réputé aussi dépendant des frères Bouteflika, comme M. Bedoui, peut-il forcer le respect de ses interlocuteurs dans une période aussi difficile ? Le choix de Nourredine Bedoui par le clan présidentiel était visiblement un choix par défaut pour éviter la nomination de Ramtane Lamamra qui était proposé par un clan influent et des cercles étrangers. Pour certains observateurs, le choix de M. Bedoui à la place de M. Lamamra s’expliquerait par la volonté des frères Bouteflika de ne pas se faire doubler par ce dernier. Pour d’autres, ce scénario s’expliquerait par le souci de ne pas griller trop tôt ce fusible puisque certains voient déjà M. Lamamra dans l’habit d’un présidentiable en 2020.

Mustapha Senhadji