Cinq Etats arabes rompent leurs relations avec le Qatar

Cinq Etats arabes, dont trois Etat du Golfe, ont rompu lundi leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusé de soutenir le « terrorisme », et décidé de l’isoler en fermant leurs frontières avec cet émirat, une crise diplomatique, la plus grave depuis la création du Conseil de coopération du Golfe (CCG), soulignent les observateurs. L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn, auxquels se sont joints l’Egypte et le Yémen, ont justifié la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar par son « soutien au terrorisme », y compris « Al-Qaïda », le groupe autoproclamé « Etat islamique » (EI/Daech) et la confrérie des Frères musulmans. « Le Qatar accueille divers groupes terroristes pour déstabiliser la région, comme la confrérie des Frères musulmans, Daech et Al-Qaïda », a souligné Ryadh.

Selon l’Arabie saoudite, Doha soutient aussi « les activités de groupes terroristes soutenus par l’Iran dans la province de Qatif (est) », où se concentre la minorité chiite du royaume saoudien, ainsi qu’à Bahreïn, secoué depuis plusieurs années par des troubles animés par la majorité chiite de ce pays. La rupture des relations, annoncée avant l’aube, intervient 15 jours après une visite à Ryadh de Donald Trump qui avait exhorté les pays musulmans à se mobiliser contre l’extrémisme. Suite à cette crise diplomatique, Washington qui a invité les pays du Golfe à rester « unis ».Le Qatar, qui joue un rôle régional important et a été choisi pour organiser le Mondial-2022 de football, a également été exclu de « la coalition militaire arabe qui combat des rebelles au Yémen ». Cette dernière mesure a été saluée par le gouvernement du président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi qui a aussi rompu avec Doha. Il l’accuse de soutenir –malgré sa participation à la coalition arabe– ses adversaires, les rebelles Houthis.

Cette crise diplomatique est la plus grave depuis la création en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. La dernière crise ouverte dans le Golfe remonte à 2014 lorsque trois pays du CCG (Arabie, Bahreïn et Emirats) avaient rappelé leur ambassadeur à Doha pour protester contre le soutien présumé du Qatar aux Frères musulmans. Le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash avait déjà affirmé le 28 mai que les monarchies du Golfe « traversent une nouvelle crise aiguë » et il somme le Qatar, sans le nommer, de « changer d’attitude et de rétablir la confiance et la transparence ». De même, l’Egypte a annoncé la fermeture des frontières « aériennes et maritimes » avec le Qatar qui, selon son ministère des Affaires étrangères, « insiste à adopter un comportement hostile vis-à-vis » du Caire. Le Qatar a réagi en accusant à son tour ses voisins du Golfe de vouloir le mettre « sous tutelle » et de l’étouffer économiquement. La Bourse de Doha a chuté de 8% à l’ouverture des transactions. L’émirat prendra « les mesures nécessaires pour mettre en échec les tentatives d’affecter sa population et son économie », a ajouté le ministère.