Décès tragique du journaliste Mohamed Tamalt à Alger

C’est une nouvelle triste et révoltante qui vient d’endeuiller la famille de la presse en Algérie. Le journaliste Mohamed Tamalt, directeur de la publication électronique Assiaq al-Arabi (Arab Context), qui purgeait une peine de 2 années de prison ferme dans l’établissement de rééducation et de réadaptation de Koléa, pour un délit de presse, est décédé dimanche matin au CHU Mohamed Lamine Debaghine de Bab El Oued (Alger). « Dés son emprisonnement le 28/06/2016 à l’établissement de rééducation et de réadaptation d’El Harrach, le concerné a entamé une grève de la faim suite à laquelle il a été placé, à la même date, sous surveillance médicale. Il était ausculté chaque jour par le médecin de l’établissement qui mesurait sa tension artérielle et sa glycémie et contrôlait les signes de déshydratation et le degré de conscience », explique la Direction générale de l’administration pénitentiaire. Le communiqué poursuit que « suite à une hypoglycémie, le 01/08/2016, il a été mis sous perfusion de glucose et son état s’est amélioré ». « Le 20/08/2016, Mohamed Tamalt présentant des difficultés de concentration, a été transféré en urgence à l’hôpital de Koléa où il a subi des analyses biologiques et un Scanner qui n’ont mis en évidence aucun dysfonctionnement », indique la même source, ajoutant que « par la suite  il a été évacué au CHU Mohamed Lamine Debaghine de Bab El Oued où il a été hospitalisé au service de réanimation pour subir une imagerie à résonance magnétique (IRM) qui a mis en évidence un accident vasculaire cérébral (AVC) dû a une hypertension artérielle, nécessitant une intervention en urgence, pratiquée par un neurochirurgien ».

Le communiqué précise que « suite à cette intervention, le concerné a été placé sous respiration artificielle et son état s’est amélioré au point de reprendre conscience, de communiquer avec l’équipe médicale et de se remettre à une alimentation normale ». « Cependant, il y a dix jours les médecins ont décelé une infection pulmonaire et l’ont mis sous traitement, avant d’effectuer le 04/12/2016 un drainage pleural dont un échantillon a été envoyé à l’institut Pasteur », ajoute le communiqué. « Son état de santé s’est détérioré le dimanche 11/12/2016 entraînant le décès », indique le communiqué. Lors de son hospitalisation, ajoute la même source, « sa famille a pu suivre son état de santé et la prise en charge médicale qui lui a été réservée, à travers six visites de son frère, une visite de sa mère, deux visites de représentants de l’ambassade de Grande Bretagne en Algérie et une visite de son avocat, maître Bachir Mecheri ».

Le décès de Mohamed Tamalt dans des conditions qui montrent clairement un lien entre la détérioration de son état de santé et les suites de sa grève de la faim ne peut que reposer la question de son arrestation et de sa condamnation abusive. En effet, quelles que soient les réserves que nous pourrions avoir avec sa manière de traiter certaines informations, notamment celles se rapportant à la vie privée de membres du gouvernement et de leurs familles, la condamnation à deux ans de prison ferme de Mohamed Tamalt fut injuste et disproportionnée par rapport aux faits qui lui étaient reprochés. Des journalistes coupables de dépassements autrement plus graves n’ont jamais été inquiétés par les autorités. Les progrès indéniables réalisés en Algérie en matière de respect de la liberté de la presse viennent d’être gravement entachés par ce drame qui ne peut qu’attrister et révolter la corporation des journalistes ainsi que l’opinion publique nationale dans son ensemble. Tout en rendant hommage à la mémoire de confrère mort dans des conditions tragiques,  nous tenons à dénoncer le comportement abusif de la Justice algérienne qui a montré dans le traitement de ce dossier un zèle et une soumission inacceptables à l’égard du pouvoir en place.

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