Des experts dénoncent l’écriture du tamazight en caractères latins

Depuis quelques jours, la Constitution, amendée en février 2016, est disponible en version tamazight sous les formats papier et numérique. Cette initiative louable n’a pas manqué de susciter les interrogations de plusieurs spécialistes qui s’interrogent sur les raisons qui ont poussé le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA) à proposer une traduction en caractète latins alors que le choix définitif des caractètes à adopter pour l’enseignement et l’emploi officiel du tamazight n’apas été officiellement tranché. Pur ces spécialistes, il s’agit là d’une tentative de faire passer en force une option parmi d’autres. Le fait de choisir les caractères latins plutôt que les caractères tifinagh ou arabes n’est pas neutre sur le plan politique.

Ces experts ont souligné qu’il aurait été souhaitable de traduire cette Constitution en caractères arabes, car plus proches de l’Amazigh et que par les caractères latins. Ils estiment en outre, que c’est une position irréfléchie politiquement et qu’il est urgent de mettre en place l’Académie de la langue amazighe pour mettre fin à toute controverse. Dans le sillage de la promotion de Tamazight, l’APS avait lancé en mai 2015, à l’occasion de Journée mondiale de la liberté de la presse, un site web d’informations générales multimédia en langue amazighe, décliné dans trois caractères (arabe, tifinagh et latin).

Pour rappel, la Constitution amendée stipule dans son article 4 que Tamazight est également langue nationale et officielle et que l’Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national et qu’il est prévu, dans le cadre de la promotion de cette langue, la création d’une Académie algérienne de la langue amazighe qui sera placée auprès du président de la République. Cette dernière s’appuiera sur les travaux des experts et sera chargée de réunir les conditions de promotion de Tamazight. Les conditions politiques entourant le projet de création de cette académie ne permettent visiblement pas d’entrevoir une solution allant dans le sens de la consolidation de la cohésion nationale, bien au contraire. La majorité des défenseurs de la langue amazighe apparaissent de plus en plus comme les supplétifs de la France en Algérie sous couvert de la défense de l’ « identité algérienne » (qui serait selon eux représentée par le tamazight et l’arabe dialectal) et de la « modernité » ( qu’ils identifient à la langue et à la culture françaises).