Des révélations sur un soutien occidental au général Haftar

Le site Middle East Eye vient de faire des révélations qui pourraient s’avérer embarrassantes pour les puissances occidentales. D’après des enregistrements de trafic aérien, obtenus par ce site depuis la base de Benina, le général libyen Khalifa Haftar, basé à Benghazi, serait soutenu par des forces françaises, britanniques et américaines en dépit de son opposition au gouvernement de Tripoli. Une opération militaire multinationale impliquant des forces britanniques, françaises et américaines coordonnerait des frappes aériennes en soutien à ce général qui combat les milices islamistes, soutenues par le Congrès général de Tripoli depuis une base proche de Benghazi, dans l’est de la Libye. Les enregistrements divulgués semblent confirmer de précédents rapports évoquant l’existence d’un centre d’opérations international qui aide le général Khalifa Haftar dans sa campagne visant à prendre le contrôle de l’est de la Libye à des groupes qu’il a désignés comme étant « extrémistes » mais dont certains bénéficient du soutien direct du Congrès général basé à Tripoli.

Le site indique dans son rapport : « On entend au moins un raid aérien coordonné dans les enregistrements, qui durent au total un peu moins d’une heure, ce qui semble indiquer que la salle des opérations n’est pas uniquement utilisée pour des activités de reconnaissance. » Le site considère que « Les fuites pourraient se révéler dommageables pour les parties internationales concernées, dans la mesure où Haftar a refusé de soutenir le gouvernement d’unité de Tripoli appuyé par l’ONU et lutte contre certains groupes qui ont pris part à la campagne soutenue par l’Occident contre le groupe État islamique. » Le mois dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé une force navale de l’UE à faire respecter l’embargo sur les armes en Libye en interceptant des navires soupçonnés de transporter des armes. L’embargo sur les armes a été imposé à la Libye en 2011, mais les représentants en charge de la surveillance des sanctions de l’ONU ont fait état de livraisons en provenance d’Égypte, de Turquie, des Émirats arabes unis et du Soudan destinées à diverses factions. L’une de ces factions est dirigée par Haftar, contre qui l’UE a auparavant menacé d’étendre les sanctions pour sa nuisance au gouvernement libyen soutenu par l’ONU.

Pour rappel, Middle East Eye a également révélé en mars dernier que les soldats des SAS (Special Air Service) britanniques, soutenus par les forces jordaniennes, opéraient déjà en Libye contre les militants de l’État islamique. Ces révélations ne semblent pas étonner outre-mesure les observateurs qui suivent de près la situation libyenne. Les forces du général Haftar n’auraient pas pu tenir tout ce temps sans le soutien direct de l’Egypte, des EAU et de la Jordanie. Mais ces derniers n’auraient pas pu continuer leur soutien direct au général Haftar sans l’aval des puissances occidentales même si ces dernières peuvent continuer à soutenir en même temps d’autres forces proches du Congrès général de Tripoli.