Dominique de Villepin critique la politique belliciste de la France

Alors que le gouvernement français s’enfonce dans sa guerre contre l’EI en Syrie sans mesurer toutes les conséquences que cela pourrait engendrer aussi bien dans la région qu’en France, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin vient de tirer la sonnette d’alarme en tenant un discours de raison. Sur RMC- BFMTV, Dominique de Villepin n’a pas hésité à affirmer que les terroristes tendent à la France « trois pièges ».  « Le premier c’est celui de l’interventionnisme militaire. Plus nous ferons la guerre dans ces régions, plus nous mettrons le doigt dans un engrenage sans fin, qui conduira à davantage de catastrophes là-bas, et davantage de catastrophes ici. (…) Cette région connaît un véritable suicide. Si nous voulons enrayer ce suicide collectif, il faut utiliser les bons moyens. Utiliser un lance-flammes pour éteindre l’incendie, c’est une absurdité » En Syrie et en Irak, Dominique de Villepin appelle « à ne pas nous mettre en première ligne sur le terrain militaire, c’est aux pays de la région de faire ce travail. Que nous apportions notre appui à travers les frappes aériennes, très bien, mais dans le cadre d’une stratégie politique. Aujourd’hui, il n’y a pas de plan de transition politique en Syrie ». Selon lui, « l’idée d’une coalition militaire mondiale est absurde. Qu’on engage une coalition diplomatique internationale ! ».

Pour Dominique de Villepin, Daech tend à la France un deuxième piège, celui de la « dérive autoritaire et sécuritaire, cette véritable spirale », parce qu’elle « conduit à la guerre civile ». Cette « surenchère » de mesures d’urgence, « à terme, divise les Français. Elles nous font rentrer dans une politique d’émotion, de communication et de spectacle. On voit que le président de la République prend des points dans les sondages », juge Dominique de Villepin. « Qu’on s’attaque aux problèmes du chômage, du logement, de l’éducation ». Troisième piège : « Daech joue sur l’implosion de l’Europe, incapable de faire son devoir face à l’afflux des réfugiés, et incapable de créer des règles adaptées. Un Tracfin européen, un parquet européen, c’est au galop que ça devrait être fait. Au lieu de cela, on part dans des chimères. On veut changer la Constitution, c’est absurde, on part dans des chemins de divertissement », critique l’ancien locataire de Matignon.

Enfin, l’ancien Premier ministre s’en est, comme Jean-Luc Mélenchon, vivement pris aux risques d’une « constitutionnalisation » de l’état d’urgence souhaitée par François Hollande. « Il faut essayer de limiter dans le temps toute mesure exceptionnelle. L’état d’urgence doit se limiter à la période qui véritablement correspond à celle de l’urgence. Le pays doit retrouver ses forces par lui-même ». Sinon, « nous risquons de nous abandonner à une pente de peur et de colère. On voudrait confier au Front national les clés de notre pays, on ne ferait pas mieux », juge Dominique de Villepin, à quelques jours du premier tour des élections régionales.

Pour rappel, déjà en septembre 2014, Dominique de Villepin expliquait son opposition au terme de « guerre contre l’EI » : « Tout ce que nous savons de ce type de guerre menée depuis l’Afghanistan a conduit à l’échec ». Devant l’alignement quasi-général de la classe politique française derrière le discours belliciste de Hollance-Valls, on ne peut que saluer les déclarations courageuses et de bon sens de Dominique de Villepin qui ne sera pas bien-sûr relayé par les médias comme il le mérite même si sur les réseaux sociaux, de nombreux militants français n’ont pas hésité à le relayer.