El Khabar sommé de régulariser sa situation juridique

L’avocat du ministère de la Communication, Me Nadjib Bitam a déclaré jeudi à Alger que le journal El Khabar était tenu de régulariser sa situation juridique après la notification de la décision d’annulation de la transaction de cession d’actifs du groupe El Khabar au profit de Ness-Prod (filiale du groupe Cevital), rendue mercredi par le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs. « Dès la notification de la décision d’annulation de la transaction par voie d’huissier aux actionnaires du groupe El Khabar et de la société Ness-Prod et au notaire qui a établi le contrat, le journal El Khabar se trouvera dans une situation de vide juridique et ne pourra paraître avant sa régularisation juridique », a précisé Me Bitam a précisé lors d’une conférence de presse.

Affirmant que cette affaire était « purement commerciale » et que le ministère de la Communication s’est référé dans son action au code de l’Information de 2012, Me Bitam a rappelé que la loi relative à l’Information en Algérie interdit le monopole des médias par une même personne morale, comme c’est le cas dans de nombreux pays. Il a précisé dans ce sens que « le PDG du groupe Cevital, Issad Rebrab détient déjà 99,98% des actions du quotidien Liberté en plus d’être le propriétaire du groupe Cevital dont Ness-Prod est la filiale ». Par ailleurs, et en réponse aux critiques au sujet du rôle joué par le ministère de la Communication à la place de l’Autorité de régulation de la presse écrite, qui n’est pas encore installée, Me Bitam a répondu que « le ministère ne peut pas rester spectateur quand des violations sont commises », soulignant l’existence du décret n° 11-216 fixant les attributions du ministre de la Communication et qui stipule qu’il veille à la régularisation des activités de communication.

La sortie médiatique de l’avocat du ministère de la communication n’a pas manqué de faire réagir les responsables du groupe El Khabar qui y ont vu l’expression d’une volonté d’en finir avec ce groupe de presse qui paie ainsi son attachement à une ligne éditoriale jugée non conforme par le pouvoir en place. Les journalistes du groupe El Khabar et les organisations des droits de l’Homme dénoncent ce qu’ils appellent une atteinte à la liberté d’expression. Des observateurs qui n’hésitent pas à dénoncer les velléités liberticides du pouvoir font remarquer par ailleurs que le bras de fer entre le ministère et le groupe El Khabar cache une lutte de clans pour le pouvoir et la rente qui n’a rien à voir avec la liberté et la loi invoquées par les uns et les autres. Si le ministère était soucieux du respect de la loi, il aurait commencé par la faire appliquer dans les nombreux autres cas où elle est bafouée. De son côté, le groupe El Khabar et ses amis ne peuvent sérieusement invoquer la liberté d’expression alors que la transaction de cession d’actifs au profit de la filiale de Cevital a été visiblement effectuée au mépris de la loi qui interdit à toute personne morale de posséder plus d’un titre de presse.