Frappes aériennes israéliennes contre des positions iraniennes en Syrie

Le cabinet de sécurité israélien s’est réuni en urgence, lundi 30 avril, autour de Benyamin Nétanyahou, pour discuter de la situation en Syrie et de la menace iranienne. Cette convocation a eu lieu au lendemain de frappes importantes, à l’origine non identifiée, dans les régions d’Alep et de Hama, en Syrie. L’une des cibles des missiles a été la 47e Brigade, une base militaire dans la province de Hama, où se trouvent aussi bien des soldats de l’armée régulière que des milices chiites et des hommes du Hezbollah libanais. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), au moins 26 personnes y auraient été tuées, dont une majorité d’Iraniens. Le nombre de victimes, ainsi que la cible souterraine, confèrent à cette opération une importance inédite. Les regards se tournent vers Israël. Mais le gouvernement se garde cette fois de revendiquer la responsabilité de cette mission audacieuse, qui représente un test pour tous les acteurs du conflit.

Reçu par le président syrien lundi 30 avril, le chef de la commission des affaires étrangères et de la sécurité nationale du Parlement iranien, Alaeddin Boroujerdi, a mis en cause l’Etat hébreu. « L’entité israélienne a révélé, à travers cette attaque, qu’elle était une entité agressive qui doit être confrontée », a-t-il estimé, tout en assurant que les « conseillers iraniens resteraient jusqu’à la libération complète du pays ». Une reconnaissance implicite que des Iraniens ont bien été visés par les frappes. De son côté, Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire israélien et directeur de l’Institut pour les études de sécurité nationale (INSS), a déclaré qu’il ne fait pas de doute que les frappes de dimanche soir réclamaient des capacités étatiques, reconnaissant ainsi implicitement que c’est bien Israël qui est l’auteur de ces attaques.

Pour rappel, ce n’est pas la première fois que l’aviation israélienne intervient en Syrie pour bombarder des sites qu’elle juge hostiles à la sécurité nationale de l’Etat israélien. Les frappes de dimanche constituent la seconde attaque effectuée par l’aviation israélienne en Syrie durant le mois d’avril. Les observateurs y voient une escalade annonciatrice de risques d’une guerre israélo-iranienne sur le territoire syrien. Jusqu’ici, l’Iran s’est abstenu de répondre de manière directe aux provocations israéliennes. Selon les observateurs, l’Iran ne fera rien qui puisse donner des prétextes à Donald Trump avant le 12 mai, date à laquelle le président américain annoncera la décision de son pays sur la sortie éventuelle de l’Accord sur le nucléaire iranien signé en 2015. Mais après le 12 mai et si le président américain choisit l’escalade par la sortie de l’Accord de 2015, l’Iran pourrait se voir obligé de se défendre contre les menaces israéliennes en utilisant notamment les territoires libanais et syrien comme une base de lancement d’attaques ponctuelles contre des cibles en Israël. Une confrontation militaire israélo-iranienne, même limitée, pourrait, selon les observateurs, s’avérer désastreuse pour la population civile syrienne qui a déjà trop souffert d’un conflit qui dure depuis sept ans, sans parler du risque de l’extension du conflit au Liban voisin.