Guerre de tranchées entre El Khabar et Ennahar

Le bras de fer entre le milliardaire Issad Rebrab et le Ministère de la communication a eu un prolongement au sein de la presse. Non content d’avoir poussé le ministre de la communication de porter plainte contre le rachat par M. Rebrab de la majorité des actions du groupe El Khabar, le pouvoir a choisi d’attaquer le milliardaire algérien sur le terrain médiatique. Le groupe Ennahar connu pour sa proximité avec le cercle présidentiel a rendu public une série de documents dévoilant les trafics du groupe Cevital qui appartient au milliardaire Isaad Rebrab. Les quotidiens Liberté et El Khabar, propriété du milliardaire mis en cause ont réagi en attaquant à leur tour le groupe Ennahar et son propriétaire Anis Rahmani.

Les observateurs estiment que les attaques des uns et des autres ne sont pas dénuées de sens mais ils ajoutent qu’elles s’inscrivent dans une logique de confrontation politico-financière qui n’a rien à voir avec la liberté de la presse invoquée par les uns ni avec la dénonciation de la corruption invoquée par les autres. Cela n’a rien à voir non plus avec un quelconque affrontement à caractère régional ou ethnique ( Le propriétaire du groupe Ennahar, Anis Rahmani, de son vrai nom Mohamed Mokadem, est originaire de la wilaya de Tizi Ouzou). Les deux parties défendent leurs intérêts étroits respectifs. Les premières victimes de cet affrontement sont la liberté de la presse et l’économie nationale. Cela n’a pas empêché une partie des journalistes, de la société civile et de l’opposition de soutenir le groupe El Khabar et son nouveau propriétaire. Comme le ridicule de certains n’a pas de limites, la présidente d’un parti qui s’autoproclame « parti des travailleurs » n’a pas hésité à apporter publiquement son soutien à un des représentants de la bourgeoisie compradore…

La mobilisation d’une partie des journalistes et de la société civile ainsi que de certains partis d’opposition en solidarité avec le groupe El khabar est perçue par certains observateurs comme l’expression d’un réveil de la société civile contre les empiètements du pouvoir et pour l’affirmation de la liberté de la presse. D’autres observateurs y voient l’instrumentalisation d’une partie des journalistes, de la société civile et de l’opposition par un groupe financier tentaculaire qui s’est développé dans des conditions obscures et qui cherche tout simplement à préserver sa position quasi-monopolisitique face à de nouveaux concurrents.