Il y a 25 ans, l’Algérie basculait dans une crise sans précédent

Il y a 25 ans, le 11 janvier 1992, le président défunt Chadli Bendjedid annonçait son retrait de la scène politique sous la pression du commandement de l’armée. S’ensuivit l’arrêt du processus électoral et le rappel de Mohammed Boudiaf à la tête d’un haut comité d’Etat (HCE) censé combler le vide constitutionnel laissé par la démission du président Chadli. Quelles que soient les lectures a-postériori qu’on peut faire de cet évènement crucial dans l’histoire politique de notre pays, l’arrêt du processus électoral allait provoquer une crise politico-sécuritaire sans précdédent qui fut une véritable « tragédie nationale » qui a coûté  à notre pays plusieurs centaines de milliers de victimes et des dizaines de milliards de dollars de dégâts.

La direction du FLN de l’époque, sous la conduite de feu Abdelhamid Mehri, s’opposa à l’arrêt du processus électoral en compagnie d’un autre parti d’opposition, le FFS alors que le RCD et les héritiers du PAGS ont décidé de soutenir l’aile des « éradicateurs » au sein de l’armée algérienne. Dans les deux camps opposés, les motivations des uns et des autres n’étaient pas nécessairement les mêmes, ce qui ajouta à la confusion politique et compliqua les positionnements au sein de l’opinion publique. Dans les deux camps, il y avait des patriotes soucieux de l’avenir de l’Algérie. Dans les deux camps, il y  avait des opportunistes qui voulaient utiliser la carte du FIS pour arriver à leurs fins politiques.

De tous les protagonistes de la crise et quelles que soient les erreurs de jugement qu’il a commises, feu Abdelhamid mehri se distinguait par sa probité intellectuelle et politique. Dommage qu’il n’ait pas eu en face des hommes de la même envergure. Dommage aussi que plusieurs années plus tard, quand il arriva au pouvoir et qu’il décréta la loi sur la réconciliation nationale, le président Bouteflika n’a pas réussi à s’entendre avec lui pour permettre à l’Algérie d’aller plus loin dans la refondation du système politique algérien dans un sens plus conforme aux aspirations démocratiques de la société sans renier les constantes de la Révolution algérienne et l’appartenance géopolitique et civilisationnalle de l’Algérie au monde arabe. La crise politico-sécuritaire à travers laquelle certaines parties ont tenté de porter atteinte aux fondements de l’Etat-nation algérien est aujourd’hui bien derrière nous grâce à la vigilance de la société algérienne, à l’engagement républicain de l’ANP et des autres corps constitués ainsi qu’aux efforts des patriotes au sein de l’Etat qui ont privilégié la voie de la réconciliation nationale. Mais aujourd’hui, d’autres menaces guettent l’Algérie et il appartient à tous les patriotes, par-delà leur diversité idéologique et politique, de veiller à ce que l’Algérie affronte les nouveaux défis du présent avec un front intérieur uni et solide.

Le 11 janvier 2017

Le Collectif Algérie Solidaire