La France a-t-elle décidé de lâcher le président Bouteflika ?

“Le président Bouteflika est maintenu en vie artificiellement”. La déclaration peut paraître anodine tant elle coïncide avec ce que pensent une grande partie des Algériens. Mais elle prend tout un autre sens quand on sait qu’elle est sortie de la bouche de l’ancien patron de la DGSE française et qui fut par ailleurs ambassadeur de la France en Algérie durant la période 2006-2008. En effet, dans un entretien au quotidien Le Figaro du 19 septembre, Bernard Bajolet, n’a pas hésité à déclarer : « Le président Bouteflika, avec tout le respect que j’éprouve pour lui, est maintenu en vie artificiellement, et rien ne changera dans cette période de transition. »

La grande question que se posent les observateurs après cette sortie médiatique fracassante de l’ancien patron du service d’espionnage français est la suivante : s’agit-il d’une sortie personnelle d’un ancien fonctionnaire de l’Etat dont les paroles n’engagent que sa personne ou bien s’agit-il d’une déclaration, officieuse certes, mais qui pourrait nous renseigner sur l’état d’esprit des dirigeants actuels de la France à l’égard du président Bouteflika ?

Pour rappel, jusqu’ici les dirigeants français ont préféré jouer la carte de l’hypocrisie puisqu’ils n’hésitaient pas à chanter le refrain sur la bonne santé du président Bouteflika à chaque rencontre avec ce dernier. Les déclarations de Bajolet augurent-elles d’un changement radical des dirigeants français sur la question au moment où certains cercles au pouvoir en Algérie n’hésitent pas à demander au président Bouteflika de briguer un cinquième mandat ? Les dirigeants français ont-ils compris que la campagne en faveur du cinquième mandat n’est qu’un leurre et que le président Bouteflika est bien fini auquel cas ils cherchent à se replacer pour sauvegarder les intérêts de la France en Algérie ?