Belaïb: La fuite des capitaux atteint 20 milliards de dollars par an

La chute des recettes pétrolières a fait prendre conscience de la lourdeur de la facture d’importation qui atteint désormais les 20 milliards de dollars par an Mais le pire c’est que cette facture d’importation ne correspond pas vraiment à la valeur des biens et services importés par l’Algérie. Une partie de la valeur des importations annuelles s’avère être purement et simplement une fuite illicite de capitaux sous forme de surfacturation des prix des biens et services importés. Le ministre du commerce, Bakhti Belaïb vient d’estimer la valeur de cette fuite organisée des capitaux au tiers de la valeur globale des importations soit environ 20 milliards de dollars par an. Si on estime que cette surfacturation à seulement 15 milliards de dollars par an durant ces dix dernières années cela fait une perte sèche de 150 milliards de dollars. Sans vouloir diaboliser les importateurs, le ministre a reconnu que dans la « sphère marchande, il y a beaucoup de fraudeurs.» Il en veut pour preuve les 24.000 constats d’infractions qui ont été établis, en plus de 40 milliards de dinars de dissimulation d’impôts et les 100 importateurs poursuivis en justice.

Tant que les cours du pétrole étaient favorables, le pouvoir a laissé faire surtout que ces pratiques économiques permettaient d’asseoir une alliance entre un secteur corrompu de la bureaucratie d’Etat avec le lobby des importateurs qui a fait main basse sur l’économie rentière sans contribuer en contrepartie au développement du pays. La chute des cours pétroliers a fini par convaincre le gouvernement de r »agir afin de diminuer la fuite des capitaux. Des consultations ont été menées entre le département du commerce et les différents intervenants dans la sphère économique. D’où l’élaboration et la promulgation de la loi portant amendement des pratiques commerciales instituant les licences d’importation et d’exportation dont le décret d’application vient d’être adopté par le gouvernement.

Le ministre du Commerce est d’ailleurs revenu sur cette question non sans en aborder d’autres, telles la régulation du marché, les situations de monopole, la révision de l’Accord d’association avec l’Union européenne et l’accession de l’Algérie à l’organisation mondiale du commerce. Ainsi, et dans un premier temps, 15 produits, sont concernés par la licence d’importation. Il s’agit, entre autres, des matériaux de construction, de l’aliment du bétail, du ciment, du fer à béton, des véhicules qui pèsent lourdement sur la balance commerciale du pays. L’octroi des licences, selon le ministre se fera dans la transparence la plus totale pour peu que les quantités des produits soient définies, les bénéficiaires seront connus puisque cela va se faire par voie de presse. Ces licences, permettront également de cibler les produits à importer pour ne pas créer une concurrence déloyale pour l’industrie nationale naissante. (APS)