La LADDH s’insurge contre les appels pour l’application de la peine de mort

L’assassinat dans des conditions atroces de la petite Nihal Si Mohand a suscité la révolte des citoyens. Sur les réseaux sociaux, de nombreux jeunes ont appelé à l’application de la peine de mort à l’encontre des auteurs de crimes contre les enfants. Face à une telle pression populaire en faveur de l’application de la peine de mort qui est suspendue en Algérie depuis presque plus de 20 ans, des responsables ont légitimé cette revendication. C’est le cas notamment de Me Farouk Ksentini président de la Commission nationale pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNPPDH) et du wali de Tizi Ouzou qui se sont montrés compréhensifs à l’égard des citoyens qui appellent àl’application de la peine capitale.

La levée des boucliers en faveur de l’application de la peine de mort contre les assassins d’enfants a fait réagir la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH). Dans un communiqué de presse, cette dernière n’hésite pas à accuser les Algériens qui appellent à l’application de la peine de mort d’être des « relais » du gouvernement « La LADDH milite depuis des années pour l’abolition de la peine de mort mais le gouvernement algérien est en train d’actionner ses relais dans la société civile et la classe politique pour l’application de ce châtiment ». Pour justifier son opposition à l’application de la peine de mort, la LADDH avance plusieurs arguments : « Souvent ce sont les pauvres et les opposants au régime politique qui sont exécutés mais jamais les grands responsables, les riches ou les proches du pouvoir ». Par ailleurs, la LADDH estime que 95% des kidnappings d’enfants en Algérie sont dus à des problèmes sociaux sans plus de précisions.

Pour les observateurs, si la LADDH a parfaitement le droit et le devoir de se prononcer contre l’application de la peine de mort, en revanche, ils s’étonnent qu’une organisation de défense des droits de l’Homme se permette de diffamer aussi grossièrement les citoyens dont elle ne partage pas les opinions quand elle est allée jusqu’à qualifier toutes les personnes qui appellent au rétablissement de la peine de mort de «suceurs de sang» et à les comparer avec les tueurs DAECH qui décapite ses victimes. Pour les observateurs interrogés, l’émotion populaire suscitée par le kidnaping et l’assassinat crapuleux des petits enfants est à prendre au sérieux mais toute décision concernant l’application de la peine capitale mérite un débat plus serein et plus profond et ne devrait pas éluder les autres aspects en rapport avec les responsabilités des autorités et de la société algérienne en vue de faire face à ce fléau social.