La libération de Mossoul ne signifie pas la fin de l’EI

 La libération de Mossoul constitue une victoire pour le gouvernement irakien et une grande défaite pour l’EI qui a reconnu la perte de son leader dans cette bataille qui a duré près de neuf mois, Abou Bakr Al Baghdadi.  Cependant, les observateurs internationaux estiment que malgré ce revers, l’EI n’a pas perdu toute sa capacité de nuisance puisqu’elle pourrait désormais se déployer sous d’autres formes et constituer de nouvelles menaces dans la région et en Europe.

Dans son éditorial du 10 juillet, le quotidien français Le Monde estime que «  la perte de cet ancrage territorial ne signifie pas la disparition du groupe djihadiste, qui contrôle toujours une vaste bande territoriale le long de la vallée de l’Euphrate, à cheval entre l’Irak  et la Syrie, et qui, en muant d’une forme de proto-Etat à une guérilla ou à un réseau terroriste, reste en mesure de déstabiliser les pays de la région et au-delà. La dispersion de plusieurs dizaines, voire de centaines de ses combattants étrangers, jusqu’ici occupés quasi exclusivement à la défense de son territoire, pose plus que jamais la question de leur retour dans leurs pays d’origine et le danger qu’ils y font peser »

Le quotidien français va plus loin dans son analyse en estimant que la défaite idéologique de l’EI s’avère plus difficile que sa défaite militaire dans la mesure où il la fait dépendre de conditions politiques difficiles à réunir pour le moment : « L’EI militairement aux abois, il reste à le défaire idéologiquement. Une bataille qui ne peut être menée sans une réelle reconstruction de ces pays et une participation politique de populations marginalisées depuis des années par les pouvoirs en place. En Irak, la montée en puissance de l’EI, né sur les cendres d’ Al-Qaïda, qu’on avait déclaré défaite dans les années 2000, est le fruit de la marginalisation des populations sunnites ; des populations étouffées et réprimées par un gouvernement central, revanchard, dominé par la majorité chiite.En Syrie, l’implosion du pays et la guerre totale menée par Bachar Al-Assad et ses alliés contre les régions insurgées avait là aussi ouvert un boulevard aux radicaux, EI en tête, après deux ans de révolte populaire. La présence massive de forces iraniennes et de milices chiites soutenues par Téhéran dans ces deux pays alimente un clivage chiites-sunnites et ne peut qu’attiser un sentiment d’humiliation dans ces régions »