La nomination d’Ahmed Ouyahia vue par un site proche du MAK

La nomination d’Ahmed Ouyahia au poste de premier ministre en remplacement d’Abdelmadjid Tebboune a été diversement reçue par les médias et la classe politique en Algérie. Le fait que les principaux adversaires publics du premier ministre déchu, le président du FCE Ali Haddad et le secrétaire général de l’UGTA Abdelmadjid Sidi-Saïd ainsi que le nouveau premier ministre Ahmed Ouyahia soient tous originaires de Kabylie n’est pas passé inaperçu pour les observateurs. Dans son édition du 16 août, le site proche du MAK, Tamurt  ne s’est pas empêché de livrer une lecture étroitement ethnique de l’évènement. Ahmed Ouyahia est présenté comme un « kabyle de service » qui accepte de servir un pouvoir qui serait par définition hostile à la Kabylie.

Selon Tamurt, « Sachant bien que les kabyles sont les seuls à se soulever contre la dictature et l’islamisme, les seuls qui réclament la démocratie, aussi, Bouteflika choisit toujours un kabyle de service bien sur, pour les sales besognes. Une manière pour lui de ternir tous les kabyles à travers une poignée de traîtres. C’est ainsi que le premier ministre d’Iboudraren, Ahmed Ouyahia, a été choisi pour remplacer Teboune. Pour le blanchiment d’argent et le détournement des milliards de dinars, c’est un kabyle d’Azzefoun, Heddad, qui est à la tête de la mafia financière. Pour le faux syndicalisme, c’est un kabyle de Michelet qui est chargé de cette mission, Sidi Saïd en l’occurrence. Au ministère de la jeunesse et des sport c’est à El Hadi de Michelet toujours de s’en occuper de ce secteur. La communication et l’information, un secteur névralgique, c’est à un Kabyle de Zekri, Djamel Kaouanae, de mener la propagande et la gestion de la presse. Sans parler d’autres postes de responsabilité occupés par les kabyles au sein du système algérien »

Le journal kabyliste reconnaît que le pouvoir accorde de nombreux postes de responsabilité importants à des Kabyles mais il ajoute qu’il s’agit de Kabyles qui ne défendent pas les intérêts de la Kabylie, étant entendu pour ce journal que la Kabylie ne pourra se porter bien qu’à la condition qu’elle se sépare du reste de l’Algérie. Cependant, les observateurs politiques estiment  que les élites kabyles sont loin de partager ce délire ethno-nationaliste. Les  élites kabyles semblent plutôt de plus en plus partagées entre une tentation séparatiste défendue par le MAK et une position patriotique fondée sur l’attachement à l’idée d’une nation algérienne plurielle et unie, une nation algérienne dans laquelle les élites kabyles se voient de plus en plus comme une minorité active et solidaire. Des Algériens de plus en plus nombreux se montrent irrités par la montée de ces élites kabyles et y voient à tort ou a raison le signe d’une volonté de domination économique et politique. Mais pour les observateurs, ces deux tendances ne sont pas nécessairement antagoniques. Le chantage au séparatisme pratiqué par le MAK en Kabylie sert énormément les élites kabyles soupçonnées de pratiquer, par ailleurs, le noyautage des appareils de l’Etat algérien, des banques, des entreprises publiques et des  médias sans parler de ceux qui font partie de la nouvelle oligarchie montante symbolisée par Ali Haddad.