L’affaire Louisa Hanoune contre Ennahar reportée au 21 septembre

Le tribunal correctionnel de Bir Mourad Raïs (Alger) a décidé mercredi de reporter au 21 septembre prochain l’affaire de diffamation opposant Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) au quotidien Ennahar. Le président du tribunal a annoncé le report du procès et la convocation, pour l’audience du 21 septembre, de la directrice de publication du journal Ennahar, au même titre que le journaliste auteur de l’article mis en cause, et la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Mme Hanoune avait déposé plainte contre le journal Ennahar et le journaliste auteur de l’article paru le 24 décembre 2015 dans lequel est fait état de biens que détiendrait de façon « illégale » la SG du PT et des proches à elle dans l’est du pays. L’article en question « reproche » aussi à Mme Hanoune sa « mainmise » sur le Parti des travailleurs ainsi qu’un pouvoir qu’elle aurait exercé sur des walis. Le parquet avait demandé une amende de 50.000 dinars au profit de Mme Hanoune qui a porté plainte pour diffamation contre ce journal. La partie civile avait demandé, pour sa part, un dinar symbolique et la publication du jugement à la Une du journal Ennahar et dans trois autres quotidiens.

Mme Hanoune a déposé, pour rappel, plainte contre le journal Ennahar et le journaliste auteur de l’article paru le 24 décembre 2015 dans lequel est fait état de biens que détiendrait de façon « illégale » la SG du PT et des proches à elle dans l’est du pays. Intervenant lors du procès, elle a estimé que les accusations contenues dans la publication sont « infondées », s’interrogeant sur les « raisons qui ont poussé le journal à m’attaquer de cette manière d’autant plus que nous entretenons auparavant des rapports marqués par le respect ». Me Mokrane Ait Larbi, avocat de Mme Hanoune, a relevé que l’article contenait une « atteinte à la dignité des personnes », qui ne peut nullement être justifiée par « la liberté d’expression que nous défendons dans le respect de la loi ». Pour sa part, le journaliste d’Ennahar, Billal Kebache, rappelé à l’ordre à maintes reprises par le président du tribunal en lui demandant de « baisser le ton », a défendu son « enquête » soutenant que celle-ci « ne touchait pas à la dignité » de Mme Hanoune. Son avocat, Me Hadji Ahmed, a plaidé « la protection de la source », estimant que la SG du PT « aurait du faire un droit de réponse ».

Les observateurs estiment que cette affaire judiciaire cache des enjeux de pouvoir. Le quotidien Ennahar est réputé proche du cercle présidentiel alors que Louisa Hanoune est accusée pae ses détracteurs de rouler pour les anciens généraux déchus du DRS. Par ailleurs, les observateurs notent avec curiosité le fait que Louisa Hanoune n’hésite pas à intenter un procès au quotidien Ennahar pour diffamation alors qu’elle se refuse jusqu’à présent d’abandonner son immunité parlementaire pour aller se confronter devant les juges à l’ancienne ministre de la culture qui l’accuse de diffamation. Pour rappel, Louisa Hanoune avait promis d’abandonner son immunité parlementaire si Mme Labidi décidait d’aller en justice pour se défendre contre les accusations lancées contre elle par la secrétaire générale du PT. En d’autres termes, pour les observateurs, Louisa Hanoune a une conception très élastique du droit qu’elle invoque aujourd’hui. Quand elle s’estime diffamée, elle traîne des journalistes devant les tribunaux, mais quand des personnes qui s’estiment diffamées par elle déposent plainte, elle refuse de répondre à la convocation de la Justice en se cachant derrière son immunité parlementaire.