L’Algérie plaide pour une approche globale de la question migratoire

Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a appelé depuis Rome où il a pris part à la conférence « Rome-Mediterranean Dialogues », à une « approche globale » sur la migration irrégulière pour faire face à ce phénomène, en tenant compte de ses causes profondes. Intervenant sur la thématique de la migration irrégulière en tant que panéliste, dans le cadre de cette conférence qui se tient dans la capitale italienne du 30 novembre au 2 décembre, M. Messahel a appelé à « une approche globale pour faire face à ce phénomène, en tenant compte de ses causes profondes, au premier rang desquelles le niveau de développement des pays ainsi que l’état de la sécurité et de la stabilité politique dans les pays concernés ». Analysant le phénomène, le ministre des Affaires étrangères a indiqué que la migration irrégulière « ne saurait être perçue et traitée dans ses causes profondes s’il n’est pas tenu compte de l’interaction objective qui existe entre ce phénomène, le crime organisé, le trafic de drogues, la traite des êtres humains, les conflits armés et l’instabilité politique ».

Il a ajouté que le fléau de la migration irrégulière « est encouragé par les réseaux de passeurs criminels qu’il faut combattre avec la dernière vigueur », ajoutant que « cette lutte ne devrait, en aucune manière, servir de prétexte pour alimenter les pulsions racistes et xénophobes que suscite  l’arrivée massive de migrants sur le sol européen ». Abordant précisément la question migratoire dans la méditerranée, Messahel a souligné que « la migration y représente, notamment au regard de l’importance des pertes en vies enregistrées et la résurgence de la pratique honteuse de l’esclavage par des réseaux criminels activant en Libye, un défi transnational de première importance ». Il a rappelé que le cinquième sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne qui a pris fin jeudi à Abidjan (Côte d’Ivoire), « en a souligné toute la gravité et appelé la communauté internationale à des actions énergiques et concertées ». Messahel a souligné, à nouveau, que l’Algérie « condamne cette pratique honteuse à l’endroit de personnes innocentes et sans défense », et rappelle « l’urgence d’une solution politique à la crise libyenne, solution qui permettra à ce pays frère de se doter d’institutions de lutte contre ce fléau ». Dans le même sillage, il a mis en exergue le fait que les causes profondes de la migration illégale « résident dans la multiplication de crises politiques et des conflits armés, le développement de groupes terroristes et leur jonction active avec la grande criminalité transnationale, ainsi que la persistance de la pauvreté extrême dans nombre de régions du continent africain ».

S’agissant de la vision de l’Algérie, Messahel a estimé qu »‘il est important que les pays de la région assument leurs responsabilités individuelles et collectives ». Dans ce cadre il a rappelé que l’Algérie, après avoir été un pays pourvoyeurs de migrants, et pendant un certain temps un pays de transit, « est devenue aujourd’hui un pays de destination et, de ce fait, partie prenante dans la problématique migratoire ». Pour ce qui est du phénomène migratoire en Afrique de manière générale, il a rappelé que « l’Afrique est, de tous les continents, celui qui enregistre les flux migratoires les plus importants au monde ». Une particularité, a-t-il ajouté, qui appelle à « appréhender, à sa juste valeur, le fardeau, sans égal ailleurs, porté par les pays africains, et d’agir conséquemment sur les causes profondes de ce phénomène par la promotion d’une approche globale, concertée, équilibrée et solidaire ». S’agissant du phénomène de la migration irrégulière et ses liens avec le développement, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué qu' »au lieu d’affecter l’essentiel des moyens financiers au renforcement des mesures sécuritaires de lutte contre l’immigration irrégulière, il est plus judicieux de les consacrer à la promotion de projets économiques structurants, seul moyen susceptible d’engendrer de véritables dynamiques de développement et de réduire durablement la pression migratoire en fixant les candidats à la migration dans leurs propres pays ».