L’Algérie se dirige vers un report de l’élection présidentielle

Les défections enregistrées ces dernières heures de Mokrane Aït Larbi, de Zoubida Assoul, des anciens du MALG et du FFS ne sont pas un fait du hasard ni l’expression d’un quelconque engagement démocratique comme prétendu. Ces acteurs politiques dont les liens avec certains cercles du pouvoir sont un secret de polichinelle cherchent à se replacer sur l’échiquier politique dans la mesure où ils ont sans doute été informés par leurs amis au pouvoir que la tendance est désormais au report de l’élection présidentielle et que l’ère Bouteflika est bien finie. Le mouvement populaire contre le cinquième mandat a sans doute joué un rôle décisif dans les développements rapides que connaît actuellement l’Algérie.

Mais outre la pression populaire, un autre facteur milite pour un report de l’élection présidentielle : il s’agit de la dégradation de l’état de santé du président Bouteflika, toujours hospitalisé à Genève. Les confidences rapportées par la presse suisse ne sont guère rassurantes. Dans son édition du 6 mars, La Tribune de Genève révèle que le président Bouteflika « se trouve sous menace vitale permanente en raison de la dégradation de ses réflexes neurologiques« . Les décideurs algériens pourraient recourir à l’application de l’article 102 de la Constitution plus tôt que prévu en déclarant la « vacance du pouvoir » en raison de l’incapacité du président Bouteflika, ce qui conduirait de facto au report de l’élection présidentielle. Ils pourraient également recourir à un report des élections en raison du climat de tension actuel sans avoir à appliquer l’article 105 qui prévoit la proclamation de l’état d’urgence.

Dans l’attente imminente d’une décision aussi importante, la guerre fait rage au sommet du pouvoir entre plusieurs clans. Selon nos sources, des anciens membres du DRS dissous noyautent le mouvement populaire contre le cinquième mandat et cherchent à l’orienter dans une direction hostile au chef de l’armée avec l’appui des partis de la mouvance franco-berbériste (Mouwatana, FFS, RCD) et parfois malheureusement avec la complicité de membres des services de sécurité. Sur les réseaux sociaux, les campagnes de désinformation de ces groupes convergent curieusement avec les campagnes menées par les débris de l’ex-FIS dissous à travers Al Magharibia et les autres chaînes YouTube animées par les activistes de Rachad et les services marocains.

Mohamed Merabet