Lamamra n’est plus ministre des affaires étrangères

C’est une information qui en dit long sur l’accélération des évènements en Algérie durant les derniers jours et sur l’évolution spectaculaire des rapports de forces politiques au sommet du pouvoir algérien. Ramtane Lamamra, qui passait il y a encore quelques jours comme le véritable chef d’orchestre du clan présidentiel en sa qualité de vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, vient de perdre son poste dans le nouveau gouvernement de Noureddine Bedoui !

La chute de Ramtane Lamamra, qui est devenu depuis trois semaines une des cibles privilégiées du mouvement populaire, en raison du sale rôle qu’il a joué lors de ses déplacements à l’étranger en vue de vendre la « feuille de route » du clan Bouteflika, témoigne du changement du rapport des forces au profit de l’état-major de l’ANP. Plusieurs sources autorisées avaient fait état d’une mission secrète de Lamamra à Moscou où il aurait rencontré l’ambassadeur de France en vue de coordonner leurs efforts dans le but d’écarter le commandement de l’armée algérienne du processus de transition.

Outre l’éviction de Lamamra, les observateurs notent le fait que Ahmed Gaïd Salah continue de briguer le poste de vice-ministre de la défense nationale, qui lui permet en fait d’avoir la haute main sur l’armée, étant donné l’état de santé du ministre de la défense nationale qui n’est autre que le président Bouteflika. En effet, cet élément signifie que désormais le rapport des forces a entièrement basculé au profit de l’état-major de l’ANP qui va arbitrer la future transition démocratique dès la fin du mandat du président Bouteflika. La manœuvre du clan présidentiel qui voulait mettre Abdelghani Hamel à la tête du ministère de la défense nationale, avec le soutien de la France, a visiblement et lamentablement échoué. Mais la chute de Lamamra, qui était pourtant réputé proche des capitales occidentales et se targuait de l’amitié de Sergueï Lavrov, est une belle leçon pour tous ceux qui croyaient à tort  que l’ANP allait être impressionnée par ce genre de considérations. Le révocation de Lamamra prouve s’il en est besoin que l’ANP demeure le garant imperturbable de l’indépendance et de la souveraineté nationale.

Mohamed Merabet