L’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie tire la sonnette d’alarme

L’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Badreddine Nouioua, vient de mettre en garde contre l’épuisement des réserves de change. Dans un entretien au quotidien arabophone El Khabar, M. Nouioua a rappelé que si les autorités ne prennent pas des mesures urgentes et appropriées et en l’absence d’une réelle diversification de l’économie nationale susceptible d’apporter à l’Etat de nouvelles recettes budgétaires, il est fort à craindre que le déficit du Trésor continuera de se creuser dans la mesure où les autorités n’ont pas réussi à éviter le creusement du déficit commercial.  Pour rappel, les réserves de change de l’Algérie diminuent de 1,3 milliards de dollars par mois. Durant les cinq premiers mois de l’année en cours, les réserves de change ont enregistré un recul d’environ 6,5 milliards de dollars, ce qui laisse prévoir que les réserves de change perdront d’ici la fin de l’année quelques 16 milliards de dollars.

Même si les prévisions de certains économistes sont exagérées quand ils président un épuisement des réserves de change dans les deux prochaines années, il est clair qu’à ce rythme, l’Algérie risque de perdre ses réserves d’ici 2020.  L’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie reconnaît que l’Algérie a réussi à diminuer ces deux dernières années la facture des importations mais dans une proportion très insuffisante en comparaison avec les exigences qu’imposent sa situation financière marquée notamment par la perte d’environ la moitié de ses recettes pétrolières.

Le gouvernement est montré du doigt dans la mesure où il pourrait selon M. Nouioua diminuer de manière plus radicale les importations des produits superflus et revoir les clauses de l’Accord d’association avec l’UE ainsi que l’accord de libre-change avec la zone arabe. Outre la diminution des importations, M. Nouioua appelle à dynamiser les exportations hors hydrocarbures par l’encouragement des secteurs productifs susceptibles de se substituer aux importations et de dégager un surplus pour l’exportation. M. Nouioua n’a pas ménagé le gouvernement quand il a fait remarquer que malgré un discours officiel allant dans ce sens, il n’y a pas vraiment de signes réels montrant que l’Algérie se dirige vers la concrétisation d’un nouveau modèle de croissance moins dépendant de la valorisation des hydrocarbures.