Le Cnapeste suspend son mouvement de grève mais reste mobilisé

A l’issue des travaux de la session extraordinaire du conseil national du Cnapeste, il a été décidé de suspendre la grève et de reprendre le travail ce jeudi 1er mars. La reprise est motivée, selon une déclaration du porte-parole du Cnapeste, Messaoud Boudiba, par les garanties données en haut lieu quant à la prise en charge de leurs revendications, en mettant ainsi toutes les parties concernées devant leurs responsabilités. Rappelons que les enseignants affiliés au Cnapeste observent une grève illimitée depuis le 30 janvier dernier. Après un bras de fer qui aura duré un mois entre le ministère de l’Education nationale et le Cnapeste, les enseignants et les élèves vont rejoindre leurs classes et essayer de rattraper une partie du retard enregistré sur le plan pédagogique. La situation était devenue ingérable et le ministère et le syndicat autonome se rejetaient la responsabilité.

Au lieu d’entrer dans des négociations sérieuses avec le syndicat, la ministre de l’éducation a eu recours à la Justice en vue de criminaliser la grève et intimider les enseignants grévistes. Suite à cela, elle a décidé de suspendre et radier plusieurs milliers d’enseignants sur l’ensemble du territoire national. Les intimidations de la ministre de l’éducation n’ont pas réussi à arrêter le mouvement de grève même si un nombre important d’enseignants se sont vu obligés de rejoindre leur poste sous la contrainte. Mais c’est surtout la réaction des élèves dans plusieurs lycées qui a surpris tout le monde. En effet, les élèves n’ont pas hésité à prendre fait et cause pour leurs enseignants injustement radiés et ont refusé les « remplaçants » mobilisés à la hâte par le ministère. La réaction des élèves a visiblement fait peur au pouvoir dont certains représentants ont décidé d’intervenir discrètement auprès du ministère et du Cnapeste pour trouver un compromis. C’est ce qui explique l’instruction donnée par la Présidence à la ministre de l’éducation en vue de réintégrer les enseignants radiés.

Cependant, même s’il a décidé de suspendre la grève, le Cnapeste reste mobilisé. La ministre continue ses manoeuvres. Elle a instruit les directions de l’éducation au niveau des wilayas de faire signer un « engagement » aux enseignants radiés avant d’être réintégrés. Le Cnapeste exige une réintégration sans condition. Mais au-delà de cette question, le Cnapeste reste attaché aux revendications socioprofessionnelles des enseignants. Pour rappel, l’ensemble des syndicats autonomes de la fonction publique ont appelé à une journée de grève générale pour le 4 avril. De nombreux syndicalistes estiment que l’unité d’action des syndicats autonomes est une condition nécessaire à la réussite des mouvements de grève. Du côté de la centrale UGTA, des cadres syndicaux pensent que c’est le moment d’agir en vue de renvoyer la direction actuelle représentée par le corrompu Abdelmadjid Sidi Saïd pour se réapproprier leur syndicat et le mettre au service de la lutte des travailleurs pour leurs droits sociaux.