Le gouvernement irakien choisit l’escalade diplomatique

Les observateurs s’attendaient à un retour à la normale dans les relations algéro-irakiennes après la rencontre du ministre des affaires étrangères algérien, Abdelkader Messahel avec son homologue irakien, Ibrahim Al Jaafari. Malheureusement, les déclarations de ce dernier au lendemain de la dite rencontre ont étonné tous les observateurs. Le ministre irakien a déclaré que l’Irak attendait une position claire de la part de l’Algérie. Comme si le gouvernement algérien était responsable des slogans criés par les supporters de l’USMA lors du match qui a opposé cette équipe à l’équipe irakienne de la Force aérienne de Kerbala.

Depuis plusieurs jours, l’Algérie est la cible d’une campagne de dénigrement de la part de plusieurs médias irakiens qui n’ont pas hésité à insulter les martyrs et les symboles de la Révolution algérienne. Pire, les autorités irakiennes ont entrepris de débaptiser les rues et les bâtiments qui portaient des noms algériens. Ce faisant, les dirigeants irakiens sont en train de faire d’une malheureuse affaire de supporters un problème politique grave qui risque de mettre à mal les relations diplomatiques entre les deux pays.

Les observateurs qui ont suivi cette affaire sont unanimes pour dire que les responsables irakiens qui font face à une grave crise sociale et politique interne suite à l’insurrection pacifique de la population de Basra (la capitale du sud irakien riche en pétrole) cherchent à utiliser la crise avec l’Algérie pour faire diversion et détourner ainsi l’attention des Irakiens révoltés par le régime sectaire et corrompu qui a été instauré dans le pays depuis l’invasion américaine de 2003. Pour rappel, depuis les dernières élections législatives, le premier ministre sortant Haidar Abadi et ses alliés emmenés par le mollah Moktada Sadr ne sont toujours pas arrivés à former un gouvernement. La crise ouverte après les manifestations de Basra est en train de pousser Moktada Sadr à changer de fusil d’épaule. Sadr serait en voie d’abandonner Haidar Abadi au profit d’une alliance avec le mouvement pro-iranien Fath dirigé par Hadi Amiri.