Le gouvernement recourt à l’emprunt obligataire pour mobiliser l’épargne

Le premier ministre a annoncé que le gouvernement vient de recourir à un emprunt obligataire d’Etat. Selon l’économiste Chérif Belmihoub, il s’agit là d’une alternative financière judicieuse pour contribuer au financement budgétaire face à la baisse des cours de brut et des ressources financières publiques. « L’emprunt obligataire est une bonne chose car c’est le seul moyen qui reste pour mobiliser l’épargne nationale et faire face aux engagements budgétaires du pays. Il évitera un recours précipité à l’endettement extérieur », explique ce professeur en économie institutionnelle et en management.

Le taux de 5% fixé pour cet emprunt devra garantir un engouement de la part des épargnants, selon cet expert. En effet, explique-t-il, un tel taux est intéressant dans la mesure où il est aligné sur le taux d’inflation mais il est beaucoup mieux rémunéré que les dépôts bancaires dont les taux tournent actuellement entre 1,75% et 2%. « Une rémunération des obligations à 5% n’est ni trop élevée ni trop basse. Elle est juste ce qu’il faut. On ne peut pas fixer un taux de 3%, par exemple, car les intérêts tirés par les souscripteurs auront été vite absorbés par l’inflation et ça ne serait donc pas intéressant pour eux. Il fallait impérativement offrir un taux supérieur au taux d’inflation ou, du moins, aligné sur ce dernier », détaille-t-il.

L’expert financier estime, cependant, que ce taux d’intérêt attractif pourrait engendrer « un effet d’éviction sur les investissements » du fait d’un éventuel transfert massif des fonds déposés dans les banques vers l’achat des obligations d’Etat. Selon lui, en dehors des fonds informels, une grande partie de l’épargne nationale se trouve déjà dans les banques, et un tel écart entre le taux de l’emprunt obligataire et les taux d’intérêt bancaires servis aux épargnants risque de pousser ces derniers à retirer leurs fonds pour les placer dans les obligations étatiques mieux rémunérées. Un tel scénario diminuerait les financements bancaires en direction des entreprises et risque, donc, de réduire les investissements: « C’est pour cette raison que ça serait plus intéressant si l’on arrive à puiser dans les fonds formels hors secteur bancaire ». Par ailleurs,  l’expert préconise que l’emprunt soit à la fois public et institutionnel pour permettre à l’Etat de collecter des fonds auprès, à la fois, des entreprises et des particuliers (APS)