Le pouvoir cherche à renforcer le FCE en prévision des présidentielles

La dernière descente de la délégation du Medef à Alger n’a pas seulement donné lieu à la création d’un Conseil d’affaires algéro-français. Elle a aussi été l’occasion de préparer en coulisses une réconciliation entre le dirigeant du FCE, Ali Haddad et plusieurs hommes d’affaires algériens démissionnaires de ce même FCE. Il s’agirait notamment du milliardaire kabyle Issad Rebrab connu pour ses entrées en France, de l’ancien président du FCE, Omar Ramdane, de l’homme d’affaires Slim Othmani, du patron du groupe Condor, Abderrahmane Benhamadi, nouvel actionnaire dans le cadre du projet Peugeot Algérie et de l’homme d’affaires oranais Hocine Métidji. Récemment, plusieurs médias ont annoncé un diner de réconciliation entre Ali Haddad et ces hommes d’affaires.

Officiellement, l’idée d’organiser ce diner serait le fait de quelques associations algériennes en France, à leur tête le Mouvement citoyen algérien de France (MCAF) présidé par Omar Ait Mokhtar. Le dîner en question est prévu pour le 14 février prochain à l’hôtel Aurassi. En réalité, il est plus que vraisemblable que ce projet soit l’émanation du cercle présidentiel qui est très actif auprès des hommes d’affaires algériens installés en France via les services de l’ambassade d’Algérie à Paris. Par ailleurs, il est évident que la tentative de « réconciliation » entre les hommes d’affaires démissionnaires du FCE et Ali Haddad a bénéficié du soutien du gouvernement français et du Medef qui souhaitent renforcer leurs partenaires et amis pour en faire des pions dans la bataille économique qui les oppose aux rudes concurrents chinois et turc.

Certains observateurs vont plus loin dans l’analyse. Pour Mohamed Tahar Bensaada de l’Institut Frantz Fanon « La tentative des gouvernements français et algérien d’élargir la direction du FCE par le retour de grosses pointures comme le milliardaire Issad Rebrab qui bénéficie ouvertement du soutien de la France s’inscrit dans la perspective de la préparation des présidentielles de 2019. Que ce soit dans l’hypothèse d’un cinquième mandat du président Bouteflika ou dans celle d’un autre successeur, la France et ses alliés au sein du pouvoir algérien aimeraient s’appuyer sur un patronat algérien relativement fort pour faire contre-poids à l’influence de l’armée algérienne qui continue d’inspirer la méfiance sinon l’hostilité de Paris en raison de ses postions souverainistes dans les dossiers de sécurité régionale ».