Le principal groupe de la rébellion armée à Damas décapité

Au moment où un accord vient d’être conclu entre le régime syrien et des représentants de la population en vue de l’évacuation de 4000 personnes dont 2000 combattants de l’EI et du front Al Nosra du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk et des quartiers voisins de Qadam et de Hajar al-Aswad,  le raid aérien revendiqué par l’armée syrienne et qui a tué vendredi Zahrane Allouche, le chef de « Jaich al-Islam », principal groupe rebelle de la région de Damas, suscite les interrogations et les inquiétudes des observateurs. Ces derniers voient dans ce raid un acte de nature à compromettre le processus de dialogue inter-syrien sur lequel parie la communauté internationale pour trouver une solution à ce conflit qui a déjà fait plus de 250 000 morts. Le raid pose d’autant plus de questions selon les observateurs que le groupe « Jaich al Islam » est connu pour être un des adversaires les plus sûrs de l’organisation Daech sur le terrain. Soutenu par l’Arabie saoudite et la Turquie, « Jaich al-Islam » contrôle la plus grande partie de la banlieue est de la capitale qui est régulièrement bombardée par les forces gouvernementales et l’aviation russe. Le groupe est accusé par le régime de bombarder Damas. Généralement en treillis, arborant une barbe noire, Zahrane Allouche, 44 ans, avait été arrêté par le régime en 2009 et libéré en juin 2011 lors d’une amnistie générale, trois mois après le début du conflit. Il avait échappé à plusieurs tentatives d’assassinats. Appelé d’abord Bataillon de l’Islam (Liwa al-Islam, en arabe), le groupe a pris le nom d’Armée de l’Islam en septembre 2013 et compte 64 bataillons.

Un responsable sécuritaire syrien a indiqué à l’AFP que ces raids avaient été menés par deux avions syriens qui ont tiré à deux reprises quatre missiles fournis par Moscou. Ils ont ciblé une réunion secrète de dirigeants de plusieurs groupes islamistes, qui visait à réorganiser les forces militaires après la prise de la localité de Marj al-Sultan. Plusieurs dizaines de dirigeants et des gardes du corps ont été tués, dont 12 de Jaich al-Islam et sept d’Ahrar al-Cham, un autre groupe rebelle important, selon la même source. D’autres sources locales ne croient pas qu’il s’agit d’un raid de l’armée syrienne et attribuent l’opération militaire à l’aviation russe. Quoi qu’il en soit, la mort du chef de « Jaich al  Islam » Zahrane Allouche survient au moment où l’armée syrienne, avec l’appui de ses alliés russe et iranien, a lancé une très grande opération contre son fief sur le flanc est de la capitale et ce, quelques jours seulement après que ce mouvement ait assisté à Ryad à une réunion des principaux groupes de l’opposition. Les participants avaient annoncé le 10 décembre leur accord pour des négociations avec Damas, mais exigé le départ du président Bachar el-Assad avec le début d’une éventuelle période de transition.

Sa mort porte un coup sévère à l’insurrection et aux négociations entre régime et opposants censées débuter dans un mois selon les experts Des pourparlers doivent se tenir à Genève fin janvier et le régime a indiqué qu’il était prêt à y prendre part, disant cependant qu’il attendait de savoir quels groupes de l’opposition allaient y participer. Pour l’expert Aron Lund cité par un journal suisse, sa mort «pourrait affecter le processus de paix en déstabilisant l’Armée de l’Islam et en l’affaiblissant.» «Les négociations avaient besoin de l’implication d’extrémistes comme Zahrane Allouche pour leur donner de la crédibilité», a-t-il ajouté. Selon lui, «au sein de la rébellion syrienne, Zahrane Allouche a été l’un des rares à réussir à centraliser (le pouvoir). Sa mort pourrait entraîner sa dislocation, étant donné que la faction centrale était l’Armée de l’Islam, qu’il a créée et dirigée d’une poigne de fer et qui inclut plusieurs membres de sa famille et des gens de sa ville natale de Douma». Une course contre la montre est engagée entre le régime syrien et la rébellion comme en témigne la raoidité avec laquelle le mouvement « Jaich al Islam » a annoncé le remplacement de son chef tué. En effet, quelques heures après l’annonce de sa mort, les principaux responsables du groupe ont élu un nouveau chef, Abu Himam al-Buwaydani, un combattant de 40 ans dont la famille entretient des liens étroits avec les Frères musulmans, a indiqué à l’AFP Abdel Rahman, le dirigeant de l’Observatoire syrien des droits de l’homme.