L’élection présidentielle écorchée par une série de défections

Après le retrait d’Abderrazak Makri de la course aux présidentielles et la décision de Ali Benflis de boycotter cette élection, le candidat Belaïd Abdelaziz vient d’annoncer qu’il s’apprêtait à jeter l’éponge si le président Bouteflika ne retirait pas sa candidature. Nous apprenons également que le directeur de campagne du candidat Ali Ghediri, Mokrane Aït Larbi, vient de démissionner de son poste et de se retirer de la campagne pour les présidentielles. Il a justifié sa décision en affirmant que le processus révolutionnaire pacifique en cours indique que le changement ne peut plus passer par les élections. La présidente de l’Union pour le progrès et le changement et une des principales animatrices du mouvement Mouwatana, Zoubida Assoul, a décidé à son tour de quitter le staff de campagne de Ali Ghediri en appelant tous les candidats aux présidentielles à se retirer.

Par ailleurs, le basculement de l’association des anciens du MALG aux côtés du mouvement populaire contre le cinquième mandat, constitue, selon les observateurs, un évènement d’une grande portée symbolique. Les anciens du MALG comptaient parmi les soutiens les plus fidèles du président Bouteflika. Le président de l’association, Dahou Ould Kablia, était proche d’Abdelaziz Bouteflika et a été son ministre de l’intérieur durant plusieurs années. Dans le même registre, l’Organisation nationale des Moudjahidines (ONM) vient d’exprimer sa sympathie avec le mouvement populaire. Auparavant l’Association des Oulémas algériens avait appelé le pouvoir à écouter la voix du peuple. Les défections n’ont pas épargné la nouvelle Confédération des chefs d’entreprise (ex-FCE) puisqu’aux dernières nouvelles onze (11) dirigeants de cette organisation ont décidé de suspendre leur adhésion et ont déclaré leur soutien au mouvement contre le cinquième mandat après avoir longtemps profité du système Bouteflika.

Les observateurs s’attendent à d’autres défections dans les prochains jours dans le camp présidentiel qui risquent d’affaiblir encore plus la base sociale et politique du régime. Mais c’est sans doute le retrait des représentants du FFS du parlement (APN et Conseil de la nation) qui constitue l’évènement du jour. Officiellement, le FFS a justifié son retrait par sa volonté d’être présent sur le terrain aux côtés des citoyens dans la lutte pour le changement de système. Ce retrait risque de constituer une pression supplémentaire sur le pouvoir qui perd ainsi un de ses faire-valoir « démocratiques » les plus en vue. Les observateurs s’attendent à ce que le retrait du FFS soit suivi par d’autres partis d’opposition dans les prochains jours.

Mohamed Merabet