L’enseignement de tamazight bientôt obligatoire dans les écoles religieuses

Le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohamed Aissa, a exprimé jeudi à Bouira son engagement à oeuvrer pour le développement et la promotion de la langue amazighe à travers des programmes qui seront lancés dans les différents instituts, mosquées et écoles du secteur et ce, à partir de cette année. « Notre département veut contribuer, lui aussi, à la promotion des origines amazighes (de l’Algérie) à travers l’enseignement obligatoire de tamazight dans les instituts de formation des imams à Bouira, Tizi Ouzou (Institut Illoula) ainsi qu’à Batna (Institut Al Zana El Baidae) », a-t-il annoncé, relevant que « ce programme entrera en vigueur à partir de cette année (2018) ». « Nous sommes venus pour célébrer pour la première fois Yennayer de façon officielle à Bouira. Nous sommes très fiers de notre appartenance et de nos origines amazighes qui constituent l’une des constantes de l’identité nationale », a déclaré M. Aissa, à l’ouverture d’un colloque national sur le thème « Les valeurs civilisationelles dans le patrimoine culturel amazigh » organisé à la maison de la culture « Ali Zaâmoum » de la ville de Bouira.

Dans ce cadre, le ministre a expliqué que les étudiants inscrits dans les instituts vont apprendre la langue amazighe pour comprendre et savoir leurs origines et pour la parler avec fierté pour s’exprimer sur leur religion. « Les imams seront tous appelés à apprendre Tamazight dans le cadre des cours d’amélioration du niveau et réactualisation des connaissances », a-t-il dit, en visitant une exposition de produits artisanaux traditionnels berbères organisée au hall de la maison de la culture. Et d’insister: « Nous allons veiller à ce que les imams maîtrisant Tamazight fassent obligatoirement » les prêches en langue amazighe. L’année 2968 sera celle de la sortie du livre de Tafsir du Saint Coran en langue amazighe, sur lequel des savants, des chercheurs sont en train de travailler en collaboration avec le Haut commissariat à l’Amazighité (HCA) pour la préparation de cette oeuvre, a ajouté le ministre, qui a donné un aperçu sur l’histoire des origines amazighes en Algérie et sa relation avec l’islam.

Les observateurs s’étonnent de ce brusque engouement du Ministère des affaires religieuses pour l’enseignement de tamazight dans les écoles religieuses alors que l’Académie de la langue amazighe n’a même pas encore vu le jour et que ceux qui sont censés veiller à la généralisation de l’enseignement de cette langue ne se sont pas encore mis d’accord sur l’alphabet qui devrait être choisi. Certains optent pour l’alphabet latin, d’autres pour l’alphabet arabe et d’autres encore pour le tifinagh. Pour des raisons politiciennes inavouées, l’Etat algérien est tout simplement en train de se ridiculiser puisqu’on n’a jamais vu dans le monde une langue écrite et enseignée avec trois alphabets différents à moins d’opter pour plusieurs langues amazighes, ce qui serait plus adéquat et plus proche des réalités sociolinguistiques de la société algérienne. La derni!re bourde commise par le Ministère de l’Intérieur dont le premier document en tamazight a été rédigé en caractères latins n’est pas passée inaperçue et de nombreux observateurs y ont vu un parti-pris politique et idéologique contestable. Bref, de facteur d’apaisement, l’option identitaire et populiste choisie par le pouvoir algérien, sous la pression de la Kabylie, risque à terme de devenir un nouveau motif de discorde qui risque de compromettre gravement l’unité nationale.