Les islamistes d’El Islah pour la généralisation de tamazight

Dans une déclaration à la presse,  à l’issue d’une réunion de son parti à Annaba, le secrétaire général du Mouvement El Islah, Filali Ghouini, a défendu l’option de la généralisation progressive de l’enseignement de la langue tamazight sur l’ensemble du territoire national sous prétexte que cette généralisation favoriserait la cohésion nationale. M.Ghouini a suggéré pour cela de remplacer l’enseignement des langues étrangères, qui devrait être limité selon lui à une seule langue, par l’enseignement de tamazight. La déclaration de M.Ghouini vient renforcer le discours des officiels algériens qui jurent tous que l’Etat algérien ne ménage aucun effort en vue de généraliser l’enseignement de tamazight sur l’ensemble du territoire national.

M. Ghouini n’est pas le premier dirigeant islamiste à avoir réagi sur cette question. Auparavant, le dirigeant du MSP, Abdelmadjid Menasra, avait dénoncé les pressions exercées sur le mouvement de protestation des jeunes kabyles par les forces de l’ordre en affirmant que ces jeunes ne faisaient qu’exercer un de leurs droits constitutionnels, celui de manifester pour une revendication légitime. Ces déclarations émanant de responsables islamistes font réagir les observateurs qui y voient une curieuse alliance entre un mouvement islamiste qui ne manque aucune occasion pour réaffirmer son attachement aux constantes nationales et un mouvement berbériste travaillé en profondeur par une idéologie xénophobe et chauvine anti-arabe et et parfois antimusulmane primaire.

Le cas du mouvement d’El Islah est très révélateur selon les observateurs. Pour ces derniers, le fait que ce petit parti, qui est né, faut-il le rappeler, d’une scission fomentée par les laboratoires de l’ex-DRS en vue d’affaiblir le mouvement de Abdallah Djaballah, se prononce aujourd’hui pour la généralisation de l’enseignement de tamazight montre bien que des clans au sein du pouvoir n’hésitent pas à instrumentaliser cette revendication à des fins politiciennes. Ces clans ne se contentent plus d’utiliser le FFS et le RCD dans le cadre de cette question pour faire face à leur nouvelle bête noire, le MAK. Ils cherchent aussi à mouiller leurs agents au sein des autres partis nationalistes et islamistes pour tenter de donner une coloration « nationale » à la revendication berbériste, une revendication qui est pourtant rejetée par une majorité d’Algériens qui y voient un cheval de Troie au service des puissances étrangères qui veulent faire imploser l’Algérie.