Les partis réagissent à la prise d’assaut du CCF par des milliers d’étudiants

Les images des étudiants prenant d’assaut le Centre culturel français à Alger ont créé la polémique. Ces étudiants sont venus massivement pour s’inscrire à l’examen d’aptitude en langue française en vue de prétendre à un visa d’études dans une université française. Un rassemblement qui aurait pu rester anodin s’il n’avait pas été exploité médiatiquement, ce qui a obligé les partis politiques à réagir. Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, n’a pas caché son amertume même s’il a essayé de justifier le désir des jeunes Algériens d’aller parachever leurs  études à l’étranger. Dans un communiqué rendu public, le RND (le parti de l’actuel premier ministre Ahmed Ouyahia) a dénoncé ceux qui ont profité de cet évènement pour ternir l’image de l’Algérie. Le parti d’Ahmed Ouyahia n’a pas hésité à justifier le rassemblement des étudiants algériens devant les portes du Centre culturel français sous prétexte qu’il est tout à fait louable d’aller étudier à l’étranger en citant à l’occasion le fameux hadith « Allez chercher le savoir même en Chine » !

Amar Ghoul du parti TAJ a, quant à lui, exprimé son amertume devant ce spectacle désolant qui vient ternir la célébration du 63eme anniversaire de l’insurrection du 1er Novembre 1954 et a appelé les jeunes Algériens à rejoindre la lutte politique en vue de changer le système de manière positive et constructive. De leur côté, les partis d’opposition ont tenté de donner à l’évènement une coloration politique. Pour le député du PT, Ramdane Taazibt, il s’agit avant tout d’un désir de fuir le pays de la part de jeunes qui n’ont pas trouvé de perspectives chez eux, ce qui dénote un grave échec du gouvernement. Le MSP va dans le même sens. S’il reconnaît la légitimité d’aller rechercher le savoir à l’étranger, il ne cache pas sa déception quant à la destination choisie et rappelle les responsabilités du gouvernement dans la situation qui pousse un grand nombre de jeunes à vouloir quitter leur pays.

Les observateurs interrogés sont mitigés devant un tel phénomène. Si le discours lénifiant du RND ne trompe personne, en revanche, les critiques adressées par les partis d’opposition restent entachées de populisme et finissent par déresponsabiliser totalement les étudiants algériens. D’une part, les étudiants algériens ne semblent pas mesurer l’importance des acquis sociaux dont ils bénéficient à l’exemple de la gratuité de l’enseignement supérieur et des oeuvres sociales. D’autre part, face aux carences d’un système qui a besoin d’être réformé, les étudiants qui se laissent facilement influencer par un discours nihiliste font preuve d’une passivité criminelle, comme en témoigne la faible capacité de mobilisation des organisations estudiantines, et n’ont qu’une idée en tête : aller vivre en France quitte à se bercer d’illusions puisqu’on sait que pour la majorité d’entre eux une nouvelle misère les attend en France.