Les pressions internationales sur l’Algérie vont s’intensifier

48 heures après la libération de la délégation algérienne prise en otage dans un hôtel de Bamako, les observateurs estiment que l’Algérie a frôlé la catastrophe. Pour rappel, la délégation algérienne formée de six diplomates dont des officiers supérieurs du DRS était à Bamako pour participer à une réunion d’évaluation de l’accord de paix inter-malien signé à Alger. Les choses auraient tourné au drame si les membres du commando terroriste qui a pris le contrôle de l’hôtel avaient eu vent du statut de ces otages si particuliers. L’Etat algérien aurait été mis devant des choix très difficiles.

Les observateurs interrogés ne cachent pas leur étonnement quant à cette bizarre coïncidence et certains ne cachent pas leurs doutes quant aux véritables commanditaires de cette prise d’otages et se demandent s’il ne s’agissait pas d’une action téléguidée par des parties qui voudraient faire intervenir l’Algérie à l’extérieur de ses frontières, ce qu’elle refuse jusqu’à présent. Après avoir été revendiquée dans un premier temps par le groupe El Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, l’opération vient d’être revendiquée par un second groupe jusque-là inconnu. Mais en tout état de cause, les pressions internationales en vue d’entraîner l’Algérie dans la soi-disant guerre contre l’EI vont s’intensifier dans les jours qui viennent et il faut s’attendre à de nouvelles provocations en vue de pousser l’Algérie à rompre avec sa politique de non-intervention en dehors de ses frontières.

Officiellement, l’Algérie par la bouche de son président de la république, son premier ministre, ses ministres des affaires étrangères et de l’intérieur, a condamné vigoureusement les attentats de Paris et a exprimé sa solidarité avec le peuple français. Mais le gouvernement algérien insiste pour que sa contribution à la lutte antiterroriste internationale reste limitée à l’échange des renseignements et au volet judiciaire. Le gouvernement algérien n’apprécie pas beaucoup le discours belliciste des dirigeants français qui risque d’aggraver la situation. Même s’il ne s’exprimait pas officiellement en tant que membre du gouvernement le président du parti TAJ et néanmoins ministre du tourisme, Amar Ghoul s’est fait remarquer en déclarant au lendemain des attentats de Paris que « la France récolte les épines qu’elle a semées en Libye et en Syrie ».

C’est dans ce contexte tendu qu’il faut comprendre les déclarations cryptées du vice-ministre de la défense nationale et chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah qui a lancé un message aux officiers, sous-officiers et djounouds de l’ANP en vue de bien évaluer ce qui est en train de se passer autour de nous et ses répercussions au plan national en ajoutant que la première mission de l’ANP reste la préservation de la sécurité nationale. Sous-entendu : l’armée algérienne ne tombera pas dans le piège des guerres par procuration en dehors de ses frontières mais qu’elle se tient prête à neutraliser toute menace, d’où qu’elle provienne, qui porterait atteinte à sa sécurité et son intégrité nationales…