Les wilayas du sud ont-elles été discriminées par le gouvernement ?

La question sensible du développement des wilayas du sud du pays qui accusent de graves retards dans plusieurs domaines a refait surface dans les débats parlementaires. Le député de la circonscription de Ouargla, Mohamed Daoui (parti El Karama)  est allé jusqu’à relever un traitement discriminatoire à l’égard de la wilaya de Ouargla en interpelant le premier ministre sur un fait extrêmement grave. Il s’agirait du détournement officiel par les autorités d’une partie du budget alloué à la construction de plusieurs projets dans les communes de Ouargla et Touggourt (dont notamment deux piscines) au profit de l’achèvement de la construction du nouveau stade de Tizi Ouzou. La valeur du détournement en question dépasse les 40 milliards de centimes. Le gouvernement n’a avancé aucune réponse à la grave interpellation du député mais s’est contenté d’une mise au point générale sur l’annulation de projets dans le cadre de le politique de restriction budgétaire induite par la crise pétrolière.

Le nombre des projets annulés dans le Sud suite à la crise financière induite par la chute des prix du pétrole a atteint 414 projets, tous types confondus, représentant une enveloppe estimée à 64 milliards de dinars, a indiqué aujourd’hui la ministre chargée des Relations avec le parlement, Ghania Eddalia, qui parlait au nom du Premier ministre. Comme argument le Premier ministre a évoqué dans ce cadre la décision du plafonnement des dépenses d’équipement qui vise à préserver les équilibres financiers du pays et qui a touché toutes les wilayas, tout en accordant la priorité à la réalisation des projets lancés ou ceux dont les études de faisabilité sont déjà finalisées. Toutefois, il a tenu à assurer que cette décision concernait le report et non l’annulation de projets, affirmant que l’Etat «ne renoncera pas à sa politique destinée aux régions du sud, tout en tenant compte de la situation financière du pays».

Les observateurs interrogés à ce sujet ont fait remarquer deux choses. La première chose est qu’aucun média algérien officiel ou « indépendant » n’a jugé utile de relayer l’interpllation du député Mohamed Daoui qui a eu le courage de lever un tabou politique. Idem pour les organisations qui font des droits de l’Homme leur fonds de commerce habituel. La seconde chose est que le gouvernement n’a pas jugé bon de répondre directement au député et s’est contenté de réponses générales. Ces réponses générales sont les bienvenues mais le gouvernement serait bien avisé, selon les observateurs, de répondre concrètement à l’interpellation du député qui se plaint du fait que les wilayas du sud subissent un traitement discriminatoire et de faire cesser les mauvaises pratiques bureaucratiques qui risquent de compromettre la cohésion nationale.