L’instance de l’audiovisuel avertit Ennahar TV

C’est une première inquiétante pour la liberté de la presse en Algérie. L’instance de régulation de l’Audiovisuel a convoqué le directeur du groupe Ennahar, Anis Rahmani, et lui a signifié un avertissement verbal à la suite de l’enquête menée par des journalistes de la chaîne privée sur la fortune de la famille et des amis politiques de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune dans les wilayas d’Annaba et d’El Tarf. Le directeur de la chaîne Ennahar a rejeté cet avertissement et s’est défendu en affirmant que la rédaction de sa chaîne a validé l’enquête après s’être assuré que tous les éléments de preuve comme les enregistrements des témoins et des documents officiels étaient en sa possession.

Les accusations lancées par la chaîne Ennahar TV contre Louisa Hanoune sont très graves mais les observateurs estiment que si une personnalité s’estime être diffamée, elle doit recourir à la Justice qui tranchera en toute connaissance de cause mais elle ne doit pas recourir à la censure d’une instance de régulation qui est là pour faire respecter les règles légales et déontologiques de l’exercice de la profession. Dès lors qu’elle s’est engagée en politique pour briguer le poste de premier magistrat du pays, Louisa Hanoune a des comptes à rendre au peuple algérien surtout qu’elle ne s’est pas gênée de son côté pour dénoncer les « affaires » des autres et la mafia du foncier qui sévit dans la wilaya d’Annaba.

L’avertissement mal venu de l’instance de régulation de l’Audiovisuel vient donner l’impression qu’une affaire à caractère civil est en train d’être politisée et de donner lieu à un bras de fer entre clans rivaux. Par cet avertissement, le pouvoir (ou ceux qui s’en réclament) semble inviter le groupe Ennahar de cesser ses attaques contre une personnalité politique qui a rendu des services à l’Etat et qui pourrait encore rendre service malgré sa récente « dissidence » dans le cadre du groupe 19-4. Le pouvoir craint par-dessus tout que l’étalage sur la place publique du linge sale risque d’aggraver le mécontentement populaire dans une conjoncture socioéconomique difficile. Il n’en reste pas moins que l’avertissement de l’instance de l’Audiovisuel passe mal aux yeux des partisans de la liberté de la presse.