Nezzar revient sur son différend militaire avec Zeroual

Dans un entretien avec la chaîne privée Echorouk, l’ancien ministre de la défense nationale, le général à la retraite, Khaled Nezzar, est revenu sur le différend militaire qui l’avait opposé à l’ancien président Liamine Zeroual quand tous les deux assumaient de hautes responsabilités militaires à l’époque du président Chadli Bendjedid. Le général Khaled Nezzar était à l’époque chef d’état-major de l’ANP alors que le général Liamine Zeroual venait d’être nommé commandant des forces terrestres. Les deux hommes avaient présenté chacun un plan de restructuration de l’armée au président Chadli. Dans ses mémoires, le général Nezzar avait expliqué que son plan de restructuration devait faire passer l’ANP à un modèle d’organisation conventionnel basé sur de grandes unités opérationnelles alors que le plan du général Zeroual se basait plutôt sur un schéma organisationnel basé sur des unités plus petites et plus mobiles.

Dans un premier temps, le président Chadli avait pris position en faveur du général Liamine Zeroual. Le général Khaled Nezzar révèle aujourd’hui qu’après avoir appris cette nouvelle, il avait présenté sa démission mais le président Chadli ne l’avait pas accepté. Nous apprenons également que le général Zeroual serait allé voir le général Nezzar pour le dissuader de démissionner. Finalement, le président Chadli a changé de position et a décidé lors d’une réunion de l’état-major d’opter pour le plan présenté par le général Nezzar. Suite à cela, le général Zeroual a démissionné (il sera nommé comme ambassadeur en Roumanie pour une courte période). Malgré l’insistance du journaliste qui l’interrogeait, le général Khaled Nezzar n’a pas pu expliquer comment le président Chadli avait changé d’avis alors qu’il avait pris auparavant position en faveur du plan présenté par le général Liamine Zeroual. Pourtant, le général Nezzar rappelle que plusieurs généraux- dont le général Mohamed Betchine- avaient soutenu à l’époque le plan du général Zeroual.

La seule hypothèse plausible qui ressort du témoignage du général Nezzar est que le directeur du cabinet à la présidence de l’époque, le général Larbi Belkheir, a joué un rôle déterminant dans le changement de position du président Chadli. La suite des évènements milite a-contrario en faveur de cette hypothèse. Larbi Belkheir qui participa activement au coup d’Etat du 11 janvier 1992 sera par la suite écarté après l’arrivée au pouvoir du président Zeroual et de son conseiller Mohamed Betchine. Larbi Belkheir réussira à revenir au pouvoir après avoir réussi à « vendre » aux décideurs le candidat Bouteflika en 1999 après que le président Zeroual et son conseiller Mohamed Betchine furent poussés à la sortie par les chefs de l’armée et du DRS.

Des questions militaires d’ordre technique et tactique qui avaient et ont intérêt à ne pas dépasser ce cadre strict-dans l’intérêt de la défense et de la sécurité nationales-ont malheureusement été sujettes à des décisions politiques, voire claniques. Les défis sécuritaires et géostratégiques auxquels fait face aujourd’hui l’armée algérienne lui dictent, selon les analystes militaires, de privilégier une approche multidimensionnelle à même d’affronter les différents types de menaces conventionnelles et non-conventionnelles qu’elle serait amenée à traiter et d’adapter en conséquence ses dispositifs tactiques, son armement et son système logistique.