Panama papers : L’ambassadeur français convoqué au Ministère des affaires étrangères

Pour illustrer un article consacré au scandale révélé par les Panama papers impliquant 140 personnalités au niveau international, le quotidien français a publié une photo du président Bouteflika. La photo qui n’a aucun rapport avec le contenu de l’article puisque le président algérien n’a pas été cité par les Panama papers s’apparente à une opération de désinformation. Le gouvernement algérien a chargé l’ambassadeur d’Algérie en France, Amar Bendjemaa, de contacter le quotidien parisien pour l’amener à rectifier la faute commise. En réponse à la réaction algérienne, le quotidien français Le Monde a publié une précision qui constitue de fait un rectificatif : « Contrairement à ce que la photo en « une » du Monde du 5 avril a pu laisser croire, le nom du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, n’apparait pas dans les « Panama papers ».

La rectification du quotidien français n’a visiblement pas suffi. L’affaire est en train de prendre des proportions diplomatiques. L’ambassadeur de France en Algérie a été convoqué au ministère des Affaires étrangères dans le cadre des suites de cette affaire. « Le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale Ramtane Lamamra a élevé, aujourd’hui, une protestation énergique auprès de l’Ambassadeur de France Bernard EMIE, qui a été convoqué au siège du Ministère des Affaires étrangères suite à la campagne de presse hostile à l’Algérie et à ses Institutions menée en France dans différents médias et à travers d’autres activités publiques » indique un communiqué du MAE. M. Lamamra a fait valoir le fait que « ladite campagne malveillante et fallacieuse – que l’invocation de la liberté de la presse ne saurait aucunement justifier – a atteint son paroxysme avec des manipulations diffamatoires délibérément dirigées contre l’Institution présidentielle. Il a, dans ce contexte, souligné la nécessité morale et politique que des autorités françaises qualifiées marquent clairement leur réprobation de cette campagne qui est incompatible avec la qualité et le niveau des relations algéro-françaises ».

La méthode choisie par le gouvernement algérien pour réagir à ce qui s’apparente à une opération de désinformation pose néanmoins un problème. Dès lors qu’il s’agit d’un journal indépendant, pourquoi convoquer l’ambassadeur de France et mêler le gouvernement à cette histoire alors que le gouvernement algérien a raté plus d’une occasion pour réagir par la voie diplomatique quand les ressortissants algériens sont malmenées et humiliés par l’Etat français ou d’autres Etats européens comme cela s’est produit récemment à l’aéroport de Rome ? Les observateurs estiment cependant que ce n’est pas en réagissant à la publication déplacée d’une photo du président de la république que le gouvernement sauvera son image auprès de l’opinion publique mais en prenant les décisions courageuses qui s’imposent comme par exemple la révocation du ministre de l’industrie dès lors que son nom a été cité dans les Panama papers.