Près de 350 000 élèves apprennent un tamazight bidon dans 38 wilayas

La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a affirmé lundi à Alger, que le nombre d’élèves qui étudient la langue amazighe a atteint durant l’année 2017-2018, près de 350.000 élèves au niveau de 38 wilayas du pays encadrés par 2 757 enseignants. L’enseignement de tamazight est passé de 11 wilayas en 2014 à 38 wilayas durant l’année scolaire 2017-2018, et a touché 343.725 élèves contre 252.155 élèves inscrits durant l’année scolaire 2014-2015, a indiqué la ministre dans une déclaration à la Télévision algérienne. Elle a ajouté que l’enseignement de cette langue a connu une hausse depuis 2002 passant de 13.426 élèves du cycle de l’enseignement secondaire général et technique à 68.436 élèves durant l’année scolaire 2017-2018. La ministre de l’Education nationale a indiqué par ailleurs que le nombre d’enseignants de la deuxième langue nationale et officielle a doublé durant l’année en cours, passant à 2.757 enseignants contre 1.902 durant l’année 2015-2016.

Pour faire face à la montée de la contestation en Kabylie et protéger l’unité et l’intégrité de l’Algérie, l’Etat algérien a décidé de constitutionnaliser tamazight comme une langue nationale et officielle et de généraliser son enseignement et son usage à travers le territoire national. Mais cette décision ne semble pas satisfaire les Algériens. Si la majorité des Algériens continuent à ignorer tout simplement cette décision bureaucratique puisqu’ils n’ont rien demandé, les Kabyles et les autres groupes berbérophones se retrouvent à apprendre une langue amazighe qui n’a rien à voir avec leur langue maternelle puisque le tamazight enseigné dans les écoles algériennes se présente comme une langue artificielle en cours d’élaboration.

Dans un article paru dans le huffpost Maghreb au titre révélateur « le tamazight enseigné en Algérie est une langue-monstre que personne ne comprend« , la journaliste algérienne Daikha Dridi écrit :  » Ce que ne disent ni Benghabrit ni Ouyahia c’est que les élèves à qui on enseigne “tamazight” partout en Algérie et y compris en Kabylie fuient les cours de cet enseignement parce qu’ils ne comprennent pas ce qui est enseigné, parce qu’ils ne reconnaissent pas cette langue qui est supposée être leur langue maternelle. Ce ne sont pas vraiment les langues berbères telles qu’elles sont parlées par leurs communautés que les écoliers de Kabylie, du Mzab, du pays chaoui ou targui apprennent lorsqu’ils vont en cours de “tamazight” mais autre chose« . Et la journaliste de citer le linguiste algérien Abderrezak Dourari qui explique que l’Etat algérien cherche à enseigner une sorte de tamazight classique qui n’a jamais existé historiquement dans le cadre d’une entreprise de « reberbérisation » de la société algérienne. Le linguiste algérien ne donne aucune explication sur les véritables motivations politiques qui ont poussé l’Etat algérien à faire ce choix.