Pressions occidentales sur la Turquie au lendemain du coup d’Etat avorté

Alors que le gouvernement turc est activement engagé dans une opération de reprise en main de la situation interne à la suite du coup d’Etat avorté de vendredi dernier, les pressions occidentales se font plus insistantes sur la Turquie. Officiellement, il s’agit pour les partenaires occidentaux de la Turquie d’inviter le gouvernement turc à respecter les principes de l’Etat de droit dans le cadre de son opération de rétablissement de l’ordre constitutionnel. Pour rappel, les principales capitales occidentales ont attendu les signes évidents de l’échec de la tentative de coup d’Etat pour rendre publique leur condamnation du putsch avorté. Réagissant aux accusations émises par un ministre turc contre les Etats-unis, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a déclaré que « les insinuations sur un prétendu rôle américain dans la tentative de putsch avorté en Turquie sont fausses et nuisibles aux relations entre les deux pays ».

Selon les observateurs, la détérioration des relations entre Ankara et ses partenaires au sein de l’OTAN n’a rien à voir avec le respect des principes démocratiques chantés par les médias occidentaux comme cela les arrange. Pour preuve, les observateurs citent « le deux poids, deux mesures » de la diplomatie et des médias occidentaux. La brutalisation des soldats turcs ayant participé au putsch, et dont certains n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur le peuple, est présentée comme un acte choquant mais le carnage perpétré par les avions de la coalition occidentale qui a fait hier des dizaines de victimes civiles dans la région d’Alep n’est qu’un probable incident qui nécessite de « plus amples informations » de la part du porte-parole de la coalition militaire occidentale, des informations qui ne viendront jamais.

Le premier ministre turc a répondu avec une grande fermeté aux pressions occidentales en rappelant à juste titre qu’au lendemain de l’attentat du 11 septembre 2001, les Américains n’avaient pas attendu d’avoir des preuves tangibles pour lancer leur guerre contre le terrorisme et ne s’étaient pas entourés de scrupules pour enfermer des centaines de suspects à Guantanamo. Le premier ministre turc n’a pas hésité à qualifier le putsch avorté d’acte terroriste dans la mesure où des putschistes ont employé des hélicoptères pour bombarder le parlement, le siège de la police ainsi que des manifestants civils sans armes. Cependant, les observateurs estiment que le bras de fer entre le gouvernement turc et ses partenaires occidentaux ne dépassera pas certaines limites. Le gouvernement turc ne se laissera pas intimider par les pressions occidentales dans la mesure où il y va de sa sécurité nationale. De leur côté, les puissances occidentales, à leur tête les Etats-Unis, éviteront l’escalade dans la mesure où elles ont besoin de la Turquie au sein de l’Otan.