Célébration du 20 avril : Quand l’APS encense le « printemps berbère »

Au moment où les médias à la solde du pouvoir font semblant de s’inquiéter des dérives séparatistes du MAK et appellent à la préservation de l’unité nationale, l’agence de presse officielle, l’APS, a consacré une couverture des plus partiales à l’évènement. Pour l’APS « La célébration du 36ème anniversaire du Printemps berbère du 20 avril 1980 coïncide cette année avec la promotion de Tamazight langue officielle dans la Constitution amendée et adoptée le mois de février dernier. Il s’agit d’une juste reconnaissance de la part des plus hautes autorités du pays d’une revendication ayant fait l’objet d’un combat ininterrompu, mené depuis des décennies, par différentes générations de militants et d’intellectuels engagés.»

L’APS poursuit en écrivant que « Cette reconnaissance traduit la volonté politique de l’Etat d’élever la langue amazighe au rang de langue nationale et officielle et de la préserver ainsi de toutes récupérations ou exploitations et manipulations politiciennes de la part de certaines parties. Il s’agit là d’acquis indéniables pour une cause dont le combat n’a jamais cessé et ce, depuis 1949 dite « crise berbériste » au sein du Mouvement nationaliste algérien. Après l’indépendance, la cause amazighe a été portée par des militants de l’identité algérienne ayant connu et subi diverses péripéties, avant d’aboutir à ce qui est appelé « le Printemps berbère » en 1980. Cette revendication a connu une autre dimension après les événements d’octobre 1988 et l’avènement du multipartisme. Ainsi, plusieurs partis politiques ont intégré cette revendication dans leurs programmes respectifs. »

A aucun moment, l’APS ne s’est cru obligée de rappeler la diversité idéologique et politique du « Mouvement culturel berbère » dont certaines composantes sont animées d’un chauvinisme et d’une xénophobie anti-arabes et anti-islamiques qui n’ont rien à envier aux positions racistes les plus exécrables de l’extrême-droite française. Pire, une partie de ce mouvement ne cache même pas sa collusion avec les milieux néo-colonialistes et sionistes internationaux et ses entrées au sein de l’Etat d’Israël et du Makhzen marocain. La « crise berbériste » de 1949 dont parle aussi légèrement l’APS fut une crise politique qui aurait pu nuire gravement à l’unité du mouvement national n’était la vigilance de la direction du PPA et cette crise montre que l’alliance contre-nature entre le berbérisme et le colonialisme ne date pas d’aujourd’hui. Le MAK ne tombe pas du ciel, il est né du ventre du RCD et ce dernier est né à son tour du ventre du FFS.

Tant que le Mouvement berbériste continue à rejeter la responsabilité des dérives de ses composantes les plus racistes sur la politique du pouvoir et tant qu’il ne fait pas sa propre autocritique, il lui sera difficile de se présenter aux yeux de la majorité des Algériens comme un mouvement national démocratique légitime. La complaisance d’un pouvoir prêt à toutes les concessions et à toutes les forfaitures pour durer ne changera rien à la situation. Le peuple algérien dans son écrasante majorité n’acceptera pas que des élites habitées par un grave complexe d’infériorité culturel imposent leur hégémonie à la nation au nom d’une conception tribale de l’identité qu’elles sont allées pêcher dans les eaux troubles de l’ethnologie coloniale.