Quand TSA se fait insidieusement le porte-parole du MAK

Dans un article consacré à la célébration du 36e anniversaire du « printemps berbère », le quotidien électronique algérien TSA est revenu sur l’évènement. En apparence, l’article s’oppose à la dérive séparatiste du MAK. Evoquant le référendum d’autodétermination réclamé par le MAK, l’éditorialiste de TSA écrit qu’il s’agit d’ « un projet extrêmement dangereux pour la cohésion de l’Algérie » avant d’ajouter à juste titre : « Le séparatisme et le régionalisme sont un poison dangereux. Les pays arabes qui sont aujourd’hui confrontés à de terribles guerres civiles (Syrie, Irak et Libye) ont tous un point commun : une multitude de confessions et d’ethnies qui se rejettent mutuellement »

Cependant, si on lit bien l’article de TSA, on est frappé par le fait que tout l’argumentaire des séparatistes du MAK s’y trouve. Les dérives séparatistes du MAK ne seraient pas liées à l’idéologie ethno-nationaliste de ce mouvement mais seraient le résultat de la politique discriminatoire à l’égard de la Kabylie prônée par l’Etat algérien. Reprenant la déclaration faite par Abdelmalek Sellal à Constantine selon laquelle « l’unité nationale est une ligne rouge », TSA estime que « L’argument de Sellal est simple, voire simpliste : la principale revendication des Kabyles, à savoir la constitutionnalisation de tamazight en tant que langue nationale et officielle, a été satisfaite ; donc, il n’y a plus de raison pour l’existence de mouvement comme le MAK » Or, pour TSA « L’officialisation de tamazight n’est pas le seul problème en Kabylie ». TSA se fait l’avocat du mouvement berbériste en arguant que la Kabylie est « une région quasiment abandonnée par le pouvoir central. Depuis l’arrivée du président Bouteflika au pouvoir en 1999, c’est sans doute la région qui a reçu le moins d’argent et de projets ». Pour dire des choses aussi graves, le lecteur s’attend à des chiffres, des comparaisons, etc. Le lecteur pourra toujours attendre. La parole de l’éditorialiste de TSA suffit. Les problèmes de mal-gouvernance, d’imprévoyance et d’injustice qui touchent malheureusement toutes les régions du pays seraient plus particuliers et plus graves en Kabylie. Si tel était le cas, qui en voudrait au MAK de vouloir séparer la Kabylie du reste de l’Algérie ?

La décision du pouvoir de participer à sa manière à la célébration de la journée du 20 avril ne trouve pas grâce auprès de l’éditorialiste de TSA. « En s’invitant aux célébrations, le pouvoir risque d’exaspérer la population. Le 20 avril est synonyme de répression et de déni pour les populations locales. Le pouvoir aurait pu d’abord présenter des excuses officielles et reconnaître publiquement avoir massacré des jeunes durant les manifestations d’avril 1980 et celles du Printemps noir de 2001 pour lesquelles aucun responsable impliqué dans la mort de manifestants n’a été jugé. Un sentiment d’impunité qui n’aide pas à arranger les choses. Ces facteurs ont favorisé l’émergence du MAK, qui réclame la tenue d’un référendum d’autodétermination de la Kabylie ». Il est vrai que le pouvoir a beaucoup de choses à se faire pardonner en Kabylie et partout ailleurs en Algérie, mais TSA ne nous dit pas s’il compte ou non demander aussi la levée de l’impunité dont bénéficient jusqu’à ce jour les dirigeants du mouvement berbériste qui ont participé physiquement aux exactions perpétrées contre les civils dans le cadre de la lutte antiterroriste des années 90 ?