Ramtane Lamamra, nouvelle cible du mouvement populaire

Les marches impressionnantes du vendredi 22 mars ont été l’occasion pour de nombreux manifestants de conspuer les noms des figures impopulaires du régime, qu’elles appartiennent à la classe politique ou à la nouvelle oligarchie qui s’est développée ces dernières années à l’ombre de la famille Bouteflika. Mais parmi les noms les plus conspués, les observateurs retiennent tout particulièrement deux personnalités. Il s’agit du nouveau ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et de l’ancien diplomate Lakhdar Brahimi. Ce dernier a été pris à partie par les manifestants qui ont détourné ironiquement son prénom « el-akhdhar » est devenu « el-akhtar » (le plus dangereux).

Mais c’est surtout Ramtane Lamamra qui a pris pour son grade. Les manifestants ont dénoncé ses dernières missions à l’étranger, notamment à Moscou, qu’ils ont assimilées à des manœuvres en vue de mobiliser le soutien des capitales étrangères en faveur du régime moribond de Bouteflika contre le mouvement populaire. En s’attaquant ainsi à une des pièces maîtresses de la stratégie contre-révolutionnaire du pouvoir, les manifestants ont bien compris que le régime était désormais prêt à tout, y compris à vendre l’Algérie aux étrangers, pour se perpétuer. Pour les manifestants, en acceptant cette « sale besogne », Ramtane Lamamra, réputé déjà pour sa « proximité » avec les capitales occidentales, est devenu un des vecteurs les plus en vue de l’ingérence étrangère.

Ironie du sort, c’est contre cette « ingérence étrangère » que le régime a mis en garde le peuple algérien au début du mouvement de protestation. Or, tout indique aujourd’hui que c’est le régime qui recherche le soutien des puissances étrangères pour faire avorter la révolution pacifique des Algériens. Pour les observateurs,  les missions de M. Lamamra à l’étranger risquent de se retourner contre le régime lui-même. En effet, le recours à l’étranger contre le peuple risque de discréditer encore plus le régime. Par ailleurs, il n’est pas sûr que ce recours à l’étranger soit bien vu par le commandement de l’armée algérienne dont on connaît la méfiance viscérale à l’égard de toute ingérence étrangère dans les affaires internes de l’Algérie.

Mustapha Senhadji