Saadani dénonce la marginalisation des populations du sud

Dans une déclaration devant des cadres du parti, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, a jeté un pavé dans la mare lorsqu’il a abordé le sujet des mouvements sociaux que connaissent actuellement les villes du sud et notamment In Salah, point de départ d’une protesta populaire contre l’exploitation du gaz de schiste depuis plus de dix jours. Le commentaire de Saadani tranche, en effet, avec les positions démagogiques habituelles des gouvernants successifs qui nient tout simplement le problème. Le secrétaire général du FLN a reconnu que ces « régions ont été marginalisées par les autorités », ce qui est un langage nouveau venant de la part d’un responsable politique à ce niveau.

Il s’est demandé d’ailleurs et à juste titre pourquoi toutes les écoles de formation supérieure ainsi que les administrations importantes se trouvent dans la capitale avant de dire que le mouvement de protestation d’In Salah contre l’exploitation du gaz de schiste dans cette région s’explique par un manque de communication des autorités à ce sujet. Il a par ailleurs annoncé que le FLN a décidé d’envoyer des membres de son bureau politique pour s’enquérir de la situation sur place et dégager des solutions que « nous allons transmettre au président de la République ».

S’il continue dans ce sens, et même si le personnage est controversé et passe pour être un pantin de Said Bouteflika aux yeux de certains faiseurs d’opinion de la place algéroise, Amar Saadani risque, malgré tout, de devenir l’homme politique le plus populaire, en tout cas dans l’Algérie profonde, qui n’a que faire des luttes de clan et des rumeurs colportées par le microsome algérois et préfère s’en tenir au concret. Après avoir gagné une certaine crédibilité en levant le tabou concernant l’ingérence des services de sécurité dans la vie des partis politiques et des associations, voilà que Saadani s’attaque à un autre tabou: la marginalisation des régions du sud par ceux-là mêmes qui entretiennent le régionalisme en Kabylie et dans le Mzab avec la complicité de leurs amis d’outre-Méditerranée et qui sont bien placés au sein de l’Administration algérienne.

Par ailleurs et dans un autre registre, après avoir déclaré la semaine dernière que la révision constitutionnelle aura lieu au plus tard en avril prochain et annoncé un imminent remaniement ministériel, Amar Saadani, s’est rétracté. Accusé par certains de s’être pratiquement érigé en porte-parole de la présidence, Saadani s’est-il rendu compte de ses sorties maladroites ou bien a-t-il été rappelé à l’ordre à l’ordre par la présidence ? Toujours est-il qu’il a finalement admis que de telles questions ne sont aucunement de son ressort. « Ces dossiers s’inscrivent dans les prérogatives du président de la République », s’est contenté de dire Saadani tout en insistant qu’il y aura des changements au sein du gouvernement, mais sans pour autant avancer cette fois-ci d’échéance.