Terrorisme: Les aveux de l’ancien maire d’une commune bruxelloise

Dans un entretien au quotidien belge francophone Le Soir du 20 novembre, l’ancien bourgmestre (maire) de la commune de Molenbeek, située au nord de la capitale belge, Bruxelles est revenu sur les accusations qui sont dirigées contre le prétendu laxisme dont il a fait preuve durant les longues années où il a eu à diriger cette commune. Pour rappel, c’est à partir de cette commune que les attentats qui ont frappé la capitale française dans la nuit du 13 novembre dernier ont été préparés. Par ailleurs, le cerveau présumé de ces attentats, Abdelhamid Abaaoud, tué dans l’opération de Saint Denis, est né et a grandi dans cette commune.

L’ancien bourmestre (PS) de Molenbeek reconnaît que « c’est un échec qui marque aussi les vingt années durant lesquelles j’ai géré la commune. Mais ce qui me frappe le plus, c’est que ce cancer envoie des métastases dans des endroits où ont été menées des politiques très différentes : Molenbeek et Saint-Denis. Or, la France est très laïque et est à l’opposé de l’ouverture aux musulmans que j’ai essayé d’appliquer dans ma commune. Cela me fait dire que le phénomène n’est pas exclusivement lié à la politique menée sur le terrain, c’est quelque chose de beaucoup plus complexe. Daesh a trouvé, dans une jeunesse qui se sent rejetée, un terreau favorable. ».

A ceux qui lui reprochent sa grande ouverture à l’égard de la communauté musulmane pour l’intégration de laquelle il a fait beaucoup, M. Moureaux répond : « On me reproche mon ouverture à l’Islam ! Moi qui suis agnostique, je suis d’avis qu’il faut accepter que les citoyens qui le souhaitent puissent pratiquer leur religion. Mais je n’ai jamais pactisé avec le radicalisme ! Par ailleurs, les bourgmestres n’ont pas de services spéciaux, ils n’ont pas les moyens de surveiller les mosquées. » Fait troublant, M. Moureaux rappelle qu’il a autorisé les services de renseignement pour surveiller les milieux radicalisés mais qu’il n’a jamais été mis au courant des résultats de ce travail : « Les dernières années de mon mandat, la Sûreté de l’Etat avait perçu certains signaux négatifs, notamment lors des incidents liés à Sharia4Belgium. J’avais donné mon autorisation pour qu’ils puissent surveiller tout cela, je n’ai pas été informé de la suite, je n’avais pas à l’être. »

Le plus grave dans le témoignage de M. Moureaux est son aveu de complaisance à l’égard des premiers départs de jeunes en Syrie : « Quand il y a eu les premiers départs pour la Syrie, on était presque en train de les encourager. Parce qu’ils allaient lutter contre un monstre. Nous n’avons pas compris les risques. Nous n’avons pas fait assez pour notre jeunesse et, de nouveau, j’ai ma part. »

M. Moureaux termine en indiquant que les mesures de police prises à la suite des derniers attentats sont nécessaires mais insuffisants pour endiguer la menace : « Il faut prendre des mesures de police, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais si on ne fait que ça, je crains des lendemains qui déchantent. Il faut rassurer les musulmans qui sont très inquiets, qui craignent d’être persécutés »