Une attaque terroriste visant une mosquée soufie en Egypte fait 305 morts

Des terroristes ont attaqué une mosquée, vendredi 24 novembre, dans le nord du Sinaï pendant la grande prière hebdomadaire faisant au moins 305 morts selon un dernier bilan et des dizaines de blessés. Les premiers chiffres annoncés par les autorités égyptiennes faisaient état de 235 morts. Les circonstances de l’attentat restent encore floues mais des témoins ont décrit l’action d’un groupe armé de 25 à 30 hommes qui aurait provoqué une explosion à l’intérieur de l’édifice, avant d’ouvrir le feu sur les fidèles qui tentaient de s’échapper. L’attaque s’est produite sur la commune de Bir Al-Abed, à 40 kilomètres d’Al-Arich, la capitale de la province du Sinaï Nord, elle-même fréquemment la cible d’attentats.

La mosquée Al-Rawdah est notamment fréquentée par des adeptes du soufisme, un courant mystique de l’islam que l’EI considère comme hérétique et appelle à combattre. Les salafistes radicaux les accusent du plus grand péché de l’islam, le polythéisme, en raison de leur recours à l’intercession des saints morts. Les salafistes condamnent aussi ce qu’ils appellent les « innovations », ces rites et prières adoptés par les soufis en violation de la Sunna. Mais outre cette accusation à caractère théologique, les groupes islamistes radicaux reprochent aux adeptes de la confrérie leur collaboration active avec les services de sécurité égyptiens dans la guerre qu’ils livrent à l’EI dans la province du Sinaï nord.

Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a réagi avec fermeté et a promis une « réponse brutale », alors que l’attaque n’a pas été revendiquée. Il a instauré trois jours de deuil national. L’armée de l’air égyptienne « a détruit plusieurs véhicules utilisés dans l’attaque » et « ciblé plusieurs sites terroristes contenant des armes et des munitions », a annoncé, dans la nuit de vendredi à samedi, le porte-parole des forces égyptiennes, Tamer el-Refaï. Les observateurs estiment que cette attaque particulièrement meurtrière augure d’une escalade dans la guerre que livre le régime d’Abdelfattah Al-Sissi contre les groupes terroristes bien implantés dans la province du Sinaï nord. Confronté à une grave crise économique et politique, le régime d’Al-Sissi, arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat militaire contre le président élu Mohamed Morsi, ne peut plus compter sur l’aide financière de ses alliés du Golfe qui doivent eux-mêmes faire face aux conséquences de la baisse des recettes pétrolières.