Une Conférence internationale sur la protection et la revitalisation de la Casbah d’Alger

Des experts algériens et étrangers ont mis l’accent mardi à Alger, sur la nécessité d’impliquer la population dans l’opération de réhabilitation de la Casbah d’Alger, classée patrimoine mondial depuis 26 ans. Lors d’une conférence-débat organisée dans le cadre de la Conférence internationale sur la protection et la revitalisation de la Casbah d’Alger, les participants ont précisé que la mise à contribution de la population dans les opérations de réhabilitation est l’une des « clés de la réussite » de cette opération qui exige « une stratégie étudiée et beaucoup de temps ». La nécessité d’élaborer un programme socioculturel de proximité et la création d’une dynamique économique dans les centres historiques a été relevé par l’universitaire cubaine Madeline Manéndez qui a présenté l’expérience de réhabilitation du centre historique de la Havane (Cuba). Créer de l’emploi et une offre commerciale diversifiée pour les habitants et les visiteurs aura été un atout majeur dans la réhabilitation de ce site en plus d’un programme culturel quotidien qui a beaucoup aider à responsabiliser la population locale et l’impliquer de manière effective dans la préservation et la restauration, a-t-elle expliqué. L’expérience cubaine a montré que la création d’un environnement propice au commerce et au tourisme a contribué au « financement d’autres projets de réhabilitation même en période de crise financière ».

La création d’une nouvelle dynamique économique aura été également un levier de réhabilitation de centres historiques de villes comme Bari (Italie) ou Barcelone (Espagne) où plusieurs systèmes d’encouragement de la création d’emploi ont été testés. La récupération des places publics et la création de nouveaux espaces communs dans les centres historiques est une autre pratique qui a réussi dans plusieurs pays à améliorer le cadre de vie des habitants et à transformer les cités en hauts lieux du tourisme, de la culture et du commerce comme en témoignent les expériences de réhabilitation de ces villes. L’universitaire italienne Giulia Annalinda Neglia a affirmé que l’amélioration du cadre de vie et des conditions de travail dans les sites historiques sont parfois « plus importants que les projets d’urbanisme » s’ils sont suivis d’un « plan rigoureux et créatif de gestion de la ville ».

Des expériences de relogement et de logement tiroir afin de restaurer ou réaménager des centres historiques ont également été présenté par le Tunisien Zoubeïr Mouhli, responsable de l’Association de sauvegarde de la Médina de Tunis, qui a évoquer également la création d’un crédit bancaire destiné à la restauration du vieux bâti et d’un cahier des charges soumettant les propriétaires à une réglementation stricte. Ces expériences devront faire l’objet d’une feuille de route pour la mise en œuvre du Plan permanant de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d’Alger. L’experte turque Zeynep Enlil Yildiz de l’université technique d’Istanbul a déclaré que la Casbah est toujours « belle et inspiratrice » même si un grand nombre de ses bâtisses ont besoin d’une restauration, ajoutant que la réhabilitation de la Casbah exige « une stratégie et beaucoup de temps ». Elle a mis l’accent sur l’importance d’associer la population à cette opération. L’architecte et enfant de la Casbah Djaffar Lesbet, a estimé pour sa part qu' »il ne faut pas attendre l’application des lois » pour la restauration du site mais impliquer directement la population dans cette opération en accordant aux propriétaires « le droit de restaurer leurs maisons par eux-mêmes conformément aux normes requises ».