Une vague d’arrestations dans le cadre de l’affaire de la cocaïne

L’affaire de la cocaïne qui est en passe de devenir une affaire d’Etat n’a pas fini de créer des remous au sein des appareils d’Etat. Selon des sources proches de la Justice, une centaine d’arrestations ont été effectuées ces derniers jours en relation directe avec cette affaire. Il y aurait une vingtaine de juges et une trentaine de hauts cadres de l’Administration centrale et locale (offices nationaux, wilayas et daïras) parmi les personnes arrêtées. Par ailleurs, plusieurs centaines de hauts cadres seraient impliqués d’une manière ou d’une autre dans l’affaire et attendent d’être entendus par la Justice. Des dizaines de personnes auraient pris la fuite à l’étranger notamment par les postes frontaliers de l’est du pays (frontières algéro-tunisiennes). Dans ce cadre, des responsables de la PAF (police des frontières) auraient été limogés.

L’ampleur de la vague répressive montre que l’Etat algérien a été secoué par cette affaire surtout qu’elle met en jeu la capacité de l’Algérie à se protéger contre la criminalité transnationale et la crédibilité de ses institutions dans les enceintes internationales. En l’absence d’une communication sérieuse et crédible de la part du ministère de la Justice, les rumeurs continuent à alimenter les discussions et les inquiétudes de l’opinion publique algérienne. Des groupements mafieux qui ont intérêt à entretenir un climat de méfiance et d’insécurité n’hésitent pas à propager des fausses informations dans les médias  à leur solde pour aggraver la défiance de l’opinion publique à l’égard des institutions de l’Etat.

L’affaire de la cocaïne et ses répercussions au sommet de l’Etat ont aggravé la guerre des clans autour de la succession du président Bouteflika. L’appel de certaines personnalités politiques de premier plan en faveur d’un cinquième mandat qui peut paraître complètement fou s’explique par la peur des dirigeants algériens de voir la guerre des clans déraper vers l’inconnu. C’est la raison pour laquelle l’opinion publique algérienne reste dubitative. Même s’ils ne ratent aucune occasion pour exiger sur les réseaux sociaux une guerre ouverte contre la corruption, les Algériens ont du mal à  croire que les limogeages et les arrestations de ces derniers jours suffiront à guérir l’Algérie de ce mal profond qui la gangrène.