Le président Tebboune nie contre toute évidence les restrictions à la liberté de la presse en Algérie

23.03.2023. Dans son entretien avec la chaîne qatarie Al Jazeera, le président Tebboune n’a pas abordé que les questions internationales. Il a également saisi cette occasion pour faire une mise au point sur la question des libertés et notamment la liberté de la presse en Algérie.

Interrogé par la journaliste de la chaîne Al Jazeera, Khadidja Benguena, sur la question des restrictions aux libertés et aux médias en Algérie, le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a estimé que ces prétendues restrictions soulevées par certaines parties « sont intimement liées aux tentatives de déstabilisation » du pays.

Le chef de l’Etat a rappelé que l’Algérie compte actuellement 180 quotidiens, une vingtaine de chaînes de télévision et quelques 8 500 journalistes qui exercent leur métier convenablement et que les cas de restrictions qui sont soulevés ne concernant que quelques médias et journalistes. La journaliste d’Al Jazeera n’a pas hésité à le reprendre en lui rappelant que ces médias ne font généralement que louer les réalisations du pouvoir. Ce à quoi le président Tebboune a répondu : « les critiques sont les bienvenues à travers la proposition d’idées alternatives et de plans économiques différents de ceux adoptés par le gouvernement », soulignant que « les insultes et la défense des intérêts étrangers ainsi que la perception de fonds étrangers est chose inacceptable« . Le président Tebboune a également saisi cette occasion pour inviter les Ong, à l’image d’Amnesty International, à dénoncer les atteintes effroyables aux droits humains perpétrées par l’occupant israélien contre les Palestiniens dont même les enfants ne sont pas épargnés par la répression.

Sur cette question essentielle des libertés, nous aurions souhaité que les journalistes algériens fassent preuve de la même « impertinence » que la journaliste d‘Al Jazeera qui a eu le courage de rappeler au président Tebboune les vérités qui fâchent. 180 quotidiens, une vingtaine de chaînes de télévision et 8500 journalistes, cela coûte combien à l’Etat, étant entendu que même les médias « indépendants » profitent allègrement de la publicité ? Pour quel bénéficie ? Et pour quelle crédibilité ? Bien entendu, l’Etat algérien a le droit de se défendre contre tout ce qui peut dénaturer l’exercice de la profession médiatique et notamment contre le financement international des médias algériens. Mais ne peut-il pas faire cela au moyen de la loi tout en protégeant les libertés garanties par la Constitution ? Ne peut-il pas laisser la presse faire son travail librement et réagir après coup en cas d’infraction à la loi ? Pourquoi les médias sont-ils toujours sous le contrôle des services de sécurité comme au bon vieux temps du parti unique ? Et comment se fait-il que malgré ce contrôle des services, une grande partie de ces médias continuent de traiter avec le réseau clandestin des anciens du DRS qui travaillent pour le compte non pas de l’Etat mais de clans prédateurs qui veulent absolument reconquérir leur pouvoir perdu ?

Mustapha Senhadji